09 Juillet 2014 - Padang - Siberut

8h30... on a les billes ouvertes... toujours beaucoup de mal à s'adapter à l'heure d'ici surtout qu'en arrivant sur Sumatra, on a encore perdu une heure...   La guest est déserte, adieu le petit déjeuner promis et vous le savez je peux rrrien démarrer sans un bon café ! Zou, direction la cantine de hier soir mais pas de chance, elle est fermée... En mode radar, le nez en l'air façon chien d'arrêt vers une odeur de petit noir, on marche comme deux zombies dans des rues pas très propres et devant des portes closes...  En fait, on a perdu l'habitude de... pousser les portes ! Pendant le Ramadan, pour ne pas tenter les pratiquants du jeûne, les restos, biou-bious et autres échoppes qui vendent du manger se cabanent, se cachent des regards... On trouve finalement notre bonheur, tout près de la guest. Le lieu est très animé car aujourd'hui, c'est jour de vote et tout le monde a les yeux braqués sur le petit écran accroché au mur. Devant le bon petit café noir, on discute politique, tous sont pour Jokowi et ils sont tous contents qu'on souhaite également sa victoire... 

Ils sont très surpris de nous voir aussi enthousiastes qu'eux alors qu'ils ne connaissent même pas le nom de notre président à nous, ni même vraiment où se situe la France ! Beaucoup espèrent mais redoutent la corruption possible de son adversaire qui clame que toute l'Indonésie va voter pour lui... Ils nous montrent tous leur petit doigt coloré de violet, preuve qu'ils ont déjà voté et on sent qu'ils sont très fiers de ces élections démocratiques.

C'est tout repus, tout fringants et tout plein d'espoir aussi qu'on se quitte tous car le minot, la politique, ça l’intéresse guère... On se décide un petit tour sur la plage car on a du temps devant nous, Ricky ne vient nous chercher qu'à midi trente... de quoi bien visiter Padang sous le soleil enfin revenu. On a bien du mal à la trouver cette plage ! Pourtant selon notre plan, on est vraiment tout à côté... En fait, on comprend que tout le bord de mer est occupé par des biou-bious de bois ou de tôles et qu'il faut les traverser pour accéder à la plage... On traverse donc ces constructions faites de bric et de broc et là... on découvre... une véritable catastrophe, tè ! Y'a pas d'autre mot qui me vient... 

Toute la plage n'est qu'une immense décharge à ciel ouvert... sur toute sa longueur, toute sa largeur, et je vous parle même pas de la mer qui sur au moins 300 mètres n'est que plastique flottant...

Comment peut-on venir manger au bord de cette plage !? Comment peut-on en arriver là !? Avec le minot, on est assommés par le spectacle, c'est la première fois en Indonésie qu'on assiste à un tel massacre naturel... c'est à pleurer... Le Mistoulin veut aussitôt rentrer à la guest, Padang ne lui donne vraiment pas l'envie d'une promenade et je ne cherche même pas à l'en dissuader tant il bisque fort ! Et où tu m'as encore mené !!!??? Ma mère elle est folle !!! Je vous passe les mots gras que vous pouvez imaginer facile !

Il rentre donc et je continue seule ma balade... En fait, je veux en savoir plus, je veux comprendre. Est-ce partout comme ça ? Que se passe-t-il dans cette ville pour qu'elle soit aussi sale !? Je prends la direction du petit port... de pêche... s'il reste encore quelque chose à pécher ici ! 

Tous les gens que je croise sont tous très sympathiques, ils me saluent, essayent d'entamer la conversation mais l'anglais n'est pas facile... Ils ne comprennent pas mes questions, mon étonnement, ma surprise face à cet encore spectacle de désolation. Tout ici est sale ! Les rues, les trottoirs, les quais, les maisons, les jardins.. pas un centimètre carré ne résiste au fléau d'une pollution visible. On est loin de la propreté de Bukittinggi, du lac Toba, Maninjau ou même de Médan... je suis encore plus assommée par l'ampleur du phénomène que par la chaleur qui commence à peser fort sur le corps qui marche avec lenteur... A l'ombre et à l'abri des regards, je m'arrête me fumer une cigarette, histoire de reprendre mes esprits et digérer mon dégoût. Ici, en période de Ramadan, c'est mieux de fumer discrètement par égard pour la population pratiquante... Je suis alors stupéfaite de constater qu'ici... malgré toute cette merdasse qui flotte, bé on pêche ! Incroyable, non !? Bababaou ! Moi, je vais m'abstenir de manger du poisson dans le coin... c'est moi qui vous le dis ! 

Rentrée à l'oustau, Ricky est déjà là. Les présentations sont vite faites, on embarque dans son auto climatisée pour... chez lui ! J'avais pas compris qu'on s'y arrêtait surtout que c'est assez loin de Padang... mais bon, ça sera l'occasion de rencontrer Anne sa femme avec qui j'ai fait connaissance sur Facebook. Elle est française et c'est grâce à elle que j'ai trouvé cette expédition chez les Mentawaï. En chemin, on s'arrête prendre une Parisienne qui n'est pas à son hôtel alors on attend... on attend... On avait oublié la patience Indonésienne, imperturbable... 45 minutes plus tard, elle arrive enfin, je commençais à la perdre la patience, moi ! Bababaou, qué misère ces gens qui prennent leur temps sans se soucier de celui des autres...  

La passagère embarquée, on prend enfin la route du Ricky's beach house. Une heure de piste cabossée où je vous dis pas le tape-tafanari qu'on se fait ! Le minot commence à avoir mal à l'estomac, vivement qu'on arrive i'va me rendre son petit déjeuner car ça monte, ça descend, ça tourne que ça me donne à moi aussi le vire-vire... Le paysage est pourtant sublime, montagne, plage, rizières... le royaume du vert dans toute sa splendeur... 

Quand on arrive enfin après une heure de route, c'est tout un village qu'on découvre sur ce bord de mer, tout mignon tout propre et des villageois vraiment coupés du monde... 

Ici c'est vraiment le bout du bout du monde ! Je rencontre enfin Anne et on prend le temps de discuter un peu du trip chez les Mentawaï. Je suis très déçue d'apprendre que Ricky ne sera pas notre guide... Trop de touristes et de treks sur Siberut certainement... rançon de la gloire après leur passage dans une émission TV... Tant pis, on fera sans et avec Bambang, un petit jeune d'une vingtaine d'année. Sur place, un guide Mentawaï local nous attend... Tout a l'air de bien rouler et ils sont tous étonnés de nous voir partir là-bas avec nos deux bébés sacs à dos, laissant nos gros pépères en garde chez eux. ça pas été facile de ne garder que l'essentiel de notre déjà essentiel mais on y est arrivé. Et puis la franche vérité, je me sentais pas de marcher dans la jungle avec tout notre pataquès sur le dos ! Les présentations et explications terminées, le minot rassuré sur la suite des événements, on prend la direction de la plage, histoire de voir si elle est plus propre que celle de Padang ! Les bungalows de Ricky et Anne sont pied dans l'eau face à l'Océan tout vert lui aussi. 

La plage est beaucoup plus propre qu'à Padang mais... on est loin des plages de sable fin qu'on a eu l'habitude de voir en Indonésie... Le minot n'aime pas et s'il n'y avait les animaux tout autour de nous, chèvres, vaches, buffles, chiens et chats, il se carapaterait fissa. Depuis qu'on est arrivés sur Sumatra, il n'apprécie pas grand chose, 'faut dire aussi que le contraste entre Kuala et Padang est très grand... ça le fera mieux quand on sera sur Siberut que je me pense tout bas...

Moi, je me régale à prendre des portraits d'enfants qui viennent nous dire bonjour spontanément. Comme d'habitude, ils se régalent à se voir sur l'appareil, je passe un bon moment à jouer avec eux... ou bien à manger des ramboutans que je cueille directement sur les arbres. Le coin en est cafi ! Je n'ai jamais vu ça ! C'est trop bon ! 

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Mais c'est déjà l'heure de partir pour prendre notre ferry. Le minot bisque rrrien qu'à l'idée de reprendre cette route qui lui tourne l'estomac... Et pourquoi qu'on est venus là si c'est pour y passer qu'une heure !? On aurait mieux fait de rester à Padang et d'attendre là-bas !... Bref, depuis le départ, l'excursion chez les Mentawaï... il la sent pas mais alors pas du tout ! Alors que moi... je plane à 2000 tant j'en ai rêvée ! 

Arrivés au port, on se pite un bout vite fait sur le quai avec notre jeune guide fort sympathique et qui fait tout plein d'effort pour apprendre le Français que s'en est trop rigolo. Avec son petit carnet, il note tous plein de nos mots, je joue au professeur tout en mangeant a'que les mains, de grosses poignées de riz qui vont me colmater l'estomac pour la traverser jusqu'à Sibérut ! Les Ferries Indonésiens, on connait... ça tangue que c'est rrrien de le dire, même sur mer calme ! Si, si Véridique ! Je sais pas comment i'sont faits ces bateaux mais i'tanguent par tous les temps ! I'sont peut-être mal équilibrés... 'faut dire aussi qu'ils sont toujours chargés comme c'est pas possible chez nous ! 

Bambang nous donne nos tickets, on est contents de voir qu'on est dans le compartiment VIP, la classe Indonésienne ! On rigole parce qu'on connait bien le truc pour l'avoir déjà pratiqué et que tous les VIP du monde ne se valent pas, loin de là ! Prix du billet Padang-Siberut 110 750 roupies soit 7€, dix heures de navigation devant nous... Zou, on s'installe, bonne maison, on est en hauteur, on respirera mieux même si c'est pas facile de grimper là-haut et qu'on a intérêt d'aller une fois pour toute au pàti, histoire de pas se prendre un vol plané en descente trop rapide en pleine nuit si vous voyez ce que je veux dire ! ça aussi, j'ai déjà expérimenté ! 

Tous les trois alignés côte à côte, on installe nos sacs à viande et on fait connaissance avec nos voisins. ça parle, ça chante, ça rote, ça pète, ça rigole... bonne ambiance, TV à fond, lumière aveuglante... on n'est pas prêts de s'endormir surtout qu'on fait l'attraction avec nos visages pâles ! 

Quand le bateau quitte enfin le port... sur une mer d'huile... bé ça rate pas ! Il se met à tanguer comme si on était en pleine tempête ! Je comprends nibe de nibe à ces embarcations Indonésiennes...