Eyrin vous aborde sur le port, charmante, avenante et parlant un anglais très correct. Elle vous distribue un prospectus avec la photo de leur nouvelle guest ouverte depuis deux mois et demi, le prix des chambres y figure aussi, soit 250 000 roupies plus 10 % de charges facilement oubliables si on hésite un peu devant le prix c'est du moins ce qu'elle raconte au premier contact. Elle vous annonce ensuite un petit déjeuner gargantuesque inclus et tous plein de facilités, excursions, locations de scooters, connexion internet fiable, le paradis.

Et c'est bien le cas, si on veut mettre un peu d'argent dans une chambre belle et confortable, dans une guest toute neuve et décorée avec goût. De ce côté là, rrrien à dire... mais très vite, on fait la connaissance de Marco, le mari. 

Très obséquieux, prévenant à trop grande dose, donnant l'impression qu'il déplace toujours des montagnes pour nous comme si on demandait l'extraordinaire, nous, les backpackers habitués à très peu de confort et pas dérangeants pour deux sous ! Mais bon, on s'y fait, on le laisse faire le paon, on lui laisse croire qu'on est dupe de ses efforts à nous satisfaire de ce qu'on n'a pas demandé... On le remercie quand il nous dit qu'il a pris les plus beaux poissons pour nous pour notre excursion en bateau... on le remercie quand il nous dit qu'il a acheté un truc spécial pour que notre connexion internet fonctionne mieux, on le remercie quand il nous donne les clefs d'un scooter commandé la veille en nous disant qu'il est tout neuf, tout beau clinquant, on le remercie quand il nous apporte une assiette de fruits pour le petit déjeuner durs comme la pierre mais qu'on dirait qu'il les a cueillis lui-même au petit matin, on le remercie d'avoir commandé le meilleur bateau avec le meilleur capitaine pour notre excursion en mer... Bref, tout ce qu'il fait semble demander un tel effort qu'on ne fait rrrien que de le remercier, tout du long du séjour.

Lui et sa femme, semblent aux petits soins pour nous mais on se rend rapidement compte qu'ils nous abreuvent de paroles, de propositions, il faut qu'on prenne vite des décisions parce qu'il y a toujours stress en la demeure, pas le temps de réfléchir, ils nous poussent à la consommation à peine avons-nous mis le pied chez eux. Et, sous des couverts sympathiques, seul l'argent semble être leur motivation. Le soir, on les retrouve sur le terrain d'Alun Alun, seul lieu où on peut véritablement manger le soir, a essayé d’appâter de nouveaux clients, toujours le sourire, couple parfait qui fonctionne bien...

Mais, dès que quelque chose ne va pas... le mari obséquieux peut soudainement passer de son état de serviabilité gentillette apparente à une agressivité beaucoup plus naturelle que sa femme semble bien connaître et redouter. Elle essaye alors de temporiser mais les sautes d'humeur de l'époux sont vraiment irrationnelles...

Je n'aime pas descendre une guest, ce n'est pas dans mes habitudes mais là... je peux pas faire autrement que de prévenir tous les voyageurs ! Hati Hati Ayu Hotel... franchement à éviter si vous avez tendance à la scoumougne ! Ici, elle est très mal acceptée et je viens d'en faire la mauvaise expérience ce soir !

Tout à commencer avec une voyageuse française qui en sortie snorkeling aujourd'hui, a eu quelques problèmes avec son équipement, tuba défectueux. Le capitaine répare à la one again Indonésienne, le tuba se casse malheureusement définitivement et on lui demande de remplacer le tuba par un neuf soit 6€. C'est pas la somme qui gêne mais le principe dans l'histoire ! Méchante impression de servir, nous les touristes, de machine à remplacement de matériel tout vieux-à-jeter à gratos ! Trop facile ! Quand elle explique au fameux Marco son histoire tubaesque, le ton obséquieux change radicalement, c'est la parole de la Française contre la parole du capitaine, l'idée qu'on puisse se servir de nous comme vache à lait n'est même pas envisageable, pour cet esprit germanique tout à coup bloqué en mode suspicion !

Quand arrive mon tour des réclamations (Si vous avez lu l'article précédent... j'ai du changer la chambre à air du scooter loué pour la journée, parce que rafistolée déjà trois fois, elle a définitivement rendu l'âme avec moi ! 70 000 roupies de réparation, impossible de faire faire une facture parce que personne ne comprenait l'anglais et que j'étais chez un particulier local, impossible de téléphoner à l'agence de location parce qu'aucun numéro dans le scoot), à savoir serais-je remboursée de la réparation !? La réponse est non ! Malgré la vieille chambre à air ramenée pour preuve, aucune possibilité de se faire rembourser, le loueur ne veut pas ! Ok, pas de soucis, vu l'état d'esprit qu'il règne ici, je ne m'attendais pas à moins, je n'insiste même pas ! Mon problème n'est pas vraiment celui-là... mon problème c'est que je ne peux retirer de l'argent avec ma carte, que je ne peux changer mes 145€ à la banque toujours fermée et que si je veux manger et boire sur cette île... il me faut garder le peuchère de roupies qu'il me reste ! J'annule donc la location du scooter pour le lendemain en expliquant à nouveau ma situation financière un peu bancaou au fameux Marco !

Tout aurait pu s'arrêter là... un mouchoir sur le prix de la réparation et basta ! Mais non, et c'est là, où j'ai encore du mal à comprendre ce qui a déclenché l'éruption volcanique germanique ! Voilà le Marco qui me demande alors d'un ton redevenu très obséquieux... Que devrais-je faire pour améliorer l'image des îles Kilimunjawa auprès des Occidentaux !? Et moi, franco mais certainement pas germanique, je lui réponds sur le ton de la rigolade... Bé 'faudrait peut-être penser à changer de partenaires ! Parce qu'un capitaine qui fait tout un flanc pour un tuba tout pourri et un loueur de scooter qui remet à neuf son équipement sur le dos des touristes, c'est pas trop top ! Et, toujours sur un ton rigolard, peut-être 'faudrait-il mettre une grôsse affiche à la billetterie de JEPARA avec écrit dessus "NO VISA on KILIMUNJAWA ISLAND" !

Bababaou, qu'est-ce-que j'avais pas dit ! Voilà le Marco qui me part dans une tirade d'un autre monde ! Qu'il veut pas savoir ce qui se passe à Jepara mais ce qu'il pourrait changer ici, sur l'île, que c'est comme si je demandais à des Américains d'apprendre le Français, que ses partenaires sont parfaits, que demain matin j'ai intérêt à aller à la banque chercher mes euros pour payer l'addition qu'il va me préparer ! Et le voilà qui s'en va violemment en me disant d'aller me faire enc... chez les grecs... un truc du genre !

Une scène de fadas ! J'étais si estomaquée par le changement violent de ton, de vocabulaire et l'envol brutal de son apparente gentillesse que j'en suis restée sans voix mais en gardant un sourire amusé aux lèvres... car j'avais enfin devant moi, le vrai visage de cet homme qui me dérange depuis le début... 

Voilà, Vous êtes prévenus, je vous ai fait le plus objectif des compte-rendus sur cet hôtel pourtant si joli... Le proprio est un fou furieux qu'il faut interner !