Zou ! Aujourd'hui, c'est décidé, on descend dans le Sud dire Bonjour à notre Papet Peter du côté de Yeh Gangga. Cette année, il ne nous a pas envoyé ses vœux et il n'a pas répondu aux miens... Bonne raison pour aller voir comment il se porte parce qu'il est âgé le collègue... Comme il nous faut bien 1h30 de scooter pour y parvenir, on se lève a'que le chant des coqs, on déjeune rapidos et on enfile ces engins de malheur... les casques ! Le minot se moque bien entendu de la tête d’œuf de sa mère et c'est parti pour une descente vers l'Océan du Sud... 

La circulation est pire que jamais... De plus en plus d'autos avec seulement un ou deux occidentaux à l'intérieur, des bus comme chez nous dont la largeur n'est pas étudiée pour les routes d'ici... Qué misère... Bali est en train de mourir de suffocation ! A ce rythme-là, on ne pourra plus bouger dans cette île... Vous imaginez les Bouches du Rhône sans autoroutes recevant en Juillet-Août 3 millions de touristes, chacun louant une voiture !? L'enfer !

Il y a quatre ans, on comptait les voitures qu'on croisait... Aujourd'hui, on compte les scooters... Si ça continue, les Dieux ne vont pas être contents du tout ! Et vous imaginez si un volcan se réveillait, le pataquès énorme que ça ferait !!??? Bababaou, je vous dis pas comme la Mistouline elle essaye de prendre des chemins de traverse pour éviter les bouchons mais... mêmes les routes non goudronnées sont tout autant envahies... 

Quand on arrive enfin à Mengwi, on se fait un petit arrêt, histoire de dégourdir les jambes et les nerfs ! Là aussi, quel changement ! Plus aucune gargote à l'entrée du temple... les peuchères qui essayaient de gagner quatre sous ont du être chassés à l'extérieur de l'enceinte qui semble bien morte...  

Zou ! On arrête de nostalgiquer... ça sert de rrrien et on enfourche Chouchou pour une encore petite heure jusqu'à Yeh Gangga. On s'arrête devant un très joli temple nos sarongs à la main, mais là encore, comme hier, porte fermée... On l'admire de l'extérieur mais c'est bien triste tout ça... 

Quand on arrive sur la grande artère qui va de Denpasar à Gilimanuk, je vous dis pas la circulation là encore ! Incroyable mais vrai, pire qu'il y a deux ans et on trouvait déjà que c'était du too much... Alors, quand à Tabanan, on se voit le Musée du Riz, on se décide un encore petit arrêt, histoire de se cultiver le teston bien pollué par le trafic ! Entrée 15 000 roupies par personne, l'ensemble est immense et un beau bassin de lotus nous accueille... ça va le faire qu'on se dit déjà tout fourbus de cette expédition entre les autos et les camions... 

Mais, dès l'officine à pagare passée... un guide nous serre au train... Pas moyen de faire la visite tout seuls... On entre dans le premier bâtiment qui ouvre sur une grande salle où nous accueille la déesse du riz reconnaissable à ses brins de riz dans la main... 

Comme le guide nous montre le chemin de la main... bé on le suit ! Quand il commence enfin à nous parler... le fou-rire commence à nous monter... On comprend nibe de nibe à ce qu'il raconte ! Un truc de fadas ! Le minot tout bidonné se carapate me laissant seule avec ce rire que je me coince au fond du ventre mais qui remonte jusqu'à la gorge ! A force, à force d'écoute et de hochement de tête, je comprends qu'il ne fait que me lire les petits panneaux écrits en anglais pour les touristes mais avec sa phonétique à lui ! "Month" devient "Munch", "Calendar" devient "Clendar", etc... Bababaou ! Je vais pas arriver à me contenir ce fou-rire que je me pense, prête à éclater ! Alors très poliment et avec humour, je lui demande... s'il pense que j'ai des problèmes de vue ou peut-être... que je ne sais pas lire !? Mais ma question passe à l'as incognito ('doit pas comprendre un brin de ce que je lui raconte !), il m’entraîne déjà vers la vitrine suivante et continue sa petite lecture... A mourir de rire ! Alors, pour ne pas vexer ce guide d'un autre monde... je me concentre sur les petits panneaux en essayant de couper le son de mes oreilles ! Pas galette mais à force de persévérance... j'y arrive ! Même si je connais pas mal de choses sur la culture du riz avec ma Camargue que je connais sur le bout des doigts, j'apprends tout de même plein de petits détails balinais, surtout sur le système d'irrigation ! En fait toutes les rizières importantes de Bali se trouvent dans le Sud et toute l'eau provient des hauts volcans du Nord, Pépères Agung et Batur en particuliers. Vers l'an 1000, les Balinais ont commencé à construire des tunnels, des canaux et tout un système de dénivelés, jusqu'à l'Océan. Toutes les belles rizières en restanques que nous admirons datent de l'an pèbre et sont entretenues depuis ce temps là... Avec les peuchères de moyens tèqueniques qu'ils avaient... c'est vraiment tout un Art et surtout un exploit !

Le cocotier et la noix de coco sont aussi très présents dans cette culture millénaire... De l'épouvantail à la mesure du demi-kilo dans une demi-noix jusqu'à l'assiette dans l'autre moitié... TOUT tourne autour de cet arbre et de ce fruit... Visite intéressante s'il n'y avait cet incroyable guide à l'Anglais phonétique qui continue de me faire mal au ventre à force de rires refoulés ! 

Quand il me dit que la visite est terminée... je ne suis même pas déçue ! L'ensemble est gigantesque mais on ne visite que cette petite salle ! Au pays du riz... on est le moins bien servi qu'on se dit en disant adieu à notre guide et partant rire tout notre saoul sur le parking et sur Chouchou ! Je vous dis pas le trajet secoué encore de rires et notre arrivée joyeuse à Yeh Gangga ! 

Mais... arrivés sur notre plage, là où nos yeux, pour la première fois, se sont ouverts sur Bali... on ne reconnait plus rrrien !

La plage parsemée d'offrandes et bordées de petits autels est devenue une piste de quads... et le bruit de l'Océan est couvert par le bruit des moteurs.. 

Quant au Bali Wisata, la guest de notre papet Peter... on se la trouve pas ! On décide de longer la plage et de s'orienter par rapport à l'îlot qu'on voyait de notre bungalow... Ce devrait être là me dit le minot très observateur... Mais là où se trouve le "là", il n'y a que grande végétation ! C'est pas possible, on doit se tromper ! Mais quand on demande aux locaux qu'on croise sur la plage s'ils connaissent Peter Faulken... ils nous font comprendre... que le papet... n'est plus... depuis novembre 2013... emporté par une crise cardiaque...

Je vous dis pas comme soudain notre ciel s'assombrit... déjà que le ciel, il est bien couvert, là, c'est tout noir plombé qu'on ouvre les yeux sur ce qui n'est plus... Quand à la guest, on la trouve enfin sous la jungle qui l'a déjà dévorée... Incroyable ! En un an et demi, la nature a repris ses droits. Peuchère de Papet Peter, lui qui tous les matins arrachait les mauvaises herbes agenouillé et tout penché sur elles. S'il voyait sa maison ouverte aux quatre vents et ses bungalows à l'abandon... il en serait malade... L'oeuvre d'une vie, réduite à néant en si peu de temps... Avec le minot, c'est simple, on n'arrive pas y croire !

Assis sur la plage, on est tellement assommés par la nouvelle et le tableau désastreux de cet endroit qu'on a tant aimé... qu'on décide de s'arrêter à Tanah Lot, histoire de se remonter un peu le moral plutôt que de rentrer sur Ubud directement... Zou ! Il est un peu tard mais on a l'habitude de rentrer à la nuit... sans compter qu'il y aura certainement moins  de circulation ! C'est réglé, sus à Tanah Lot !  

L'océan est toujours aussi déchaîné... et il y a toujours autant de monde... On décide de s'éloigner du temple qu'on connaît par cœur et de profiter de la marée basse pour l'admirer de plus loin. C'est tout silencieux qu'on se fait cette petite randonnée comme celle conseillée par le Papet, il y a quatre ans... Petit hommage qu'on se dit tous les deux... 

Mais au fil des pas, la parole revient et on se remémore nos débuts ici, ma petite embrouille humoristique avec le papet qui nous avait perdu à Payolle a'que ses indications de germaniques ! On se repasse le film à l'envers et la bonne humeur nous revient devant la beauté du site... 

Nous... quand on n'a pas le moral... on fait les couillons... et ça marche ! 

Et... quand la foule s'en est allée... on fait demi-tour pour se rendre au pasar, voir les nouveautés mais à part les prix qui ont fort augmenté... toujours les mêmes articles ! Rrrien de nouveau à l'horizon, toujours les mêmes engins aux formes les plus impressionnantes, au grand bonheur du Mistoulin qui en a encore ramené quelques uns pour ses collègues de Lycée ! 

C'est à la nuit qu'on arrive à Ubud... comme d'habitude... Bonne douche, petit pastaga sur la terrasse. Je lève mon verre à Papet Peter qui n'est plus... et à celle d'un collègue dont c'est l'anniversaire aujourd'hui... La vie continue...

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