Aujourd'hui samedi, chose curieuse, pas de fada au mégaphone dans le petit matin ! Mais le mal est fait, je suis déjà programmée pour un réveil à 6 heures ! Qué misère d'avoir une horloge dans le teston ! Je peux jamais faire la grôsse feignasse au lit comme le minot que je laisse un peu récupérer, coincé dans les draps ! Et Zou maï, parce que c'est le week-end et que tout le monde profite du silence du fada qui ne hurle plus, y'a bien entendu dégun pour préparer  les petit-déjeuners ! Super, la journée commence bien ! Faut se battre pour au moins obtenir un café... Zou ! On va pas s'énerver, 'fait déjà bien chaud, ça va me fatiguer !

Vroum Vroum et nous voilà déjà sur la route en direction du Lac Maninjau. Le minot est encore tout ensuqué et dort accroché à ma taille, il me déteste toujours autant !  Le Lac n'est encore qu'une autre étendue d'eau blottie dans le cratère d'un ancien volcan gigantesque. La route est aussi belle qu'hier et avec Chouchou d'amour (notre scooter) c'est un vrai régal de rouler même avec un casque sur la tête. De partout où nous portons les yeux, les volcans règnent ici encore, en rois ! Ils pointent vers le ciel, souvent leur cime encore endormie dans les nuages.

Puis très vite, les choses sérieuses commencent ! On attaque la partie hard, celle que le Lonely Planet nous annonce comme celle aux 44 virages... Descendre ou monter des lacets en épis n'est pas si compliqué, ce qui l'est beaucoup plus c'est d'éviter les voitures, camions ou bus qui descendent comme des malades, sans se serrer, bien entendu, sur cette route de plus en plus étroite ! Alors avec le Loulou, on se partage le travail. Je m'occupe de fixer la route et de pister les singes qui la traversent à tout va, le minot s'occupant de repérer les fadas. "C'est bon, rrrien qui descend " "Attention, chaud à droite, camion qui monte..." Bref, on forme une bonne équipe et c'est tant mieux car ici, les scooters ne sont qu'insectes pour ces chauffards ! Les plus terribles sont les bus jaunes, ceux-là i'calculent dégun et foncent comme s'ils avaient le feu à la pédale d'accélération... Pourtant, les bus ici ne sont jamais à l'heure ! Allez comprendre ! Ce sont les énigmes de l'Indonésie...

La descente est donc nerveusement épuisante jusqu'au lac. J'avoue que je suis bien contente d'enfin arriver au dernier virage et de découvrir ce lac Maninjau dont tout le monde parle comme d'une merveille... 

Epuisés par l'effort mais surtout par ces quinze derniers jours qui commencent à peser sur nos petites épaules... nous nous posons dans une guinguette au bord de l'eau. Je sais pas pourquoi mais depuis quelques jours, j'ai l'envie irrésistible d'un oeuf dur ! Me demandez pas pourquoi, j'en sais pas plus que vous ! ça fait partie de mes énigmes à moi ! Mais en tous les cas, l'envie, elle me quitte pas. Malheureusement, la guinguette ne sert que des omelettes, j'ai beau mimé un oeuf dur, y'a rrrien à faire dégun i'comprend ! Je vais finir par m'en acheter un et rentrer dans la cuisine de quéqu'un pour me le faire cuire ! Pourtant c'est pas les poules qui manquent ici ! Y'en a de partout ! On attend bien une heure pour deux petites omelettes et surtout la boisson qui nous rafraichirait bien !

On comprend en attendant de piter un petit bout, pourquoi la vie est si lente ici... Tout est comme qui dirait au ralenti... au rythme de l'eau, au rythme de la caldéra imposante qui se mire dedans, au rythme des hommes qui vivent ici de la pisciculture et de la pêche presque silencieuse... Encore des gestes lents et précis, no stress, la zen attitude comme nous ne la connaîtrons jamais dans nos pays...

Tout est calme, paisible, seuls les oiseaux viennent troubler le silence apaisant... Ici, tout le monde possède ses cages et ses oiseaux car les compétitions de chants sont très appréciées. Le propriétaire de l'endroit, nous les montre tous avec fierté et c'est vrai qu'ils chantent comme des Dieux, ces oiseaux de toutes les couleurs !

Nous prenons donc cette heure d'attente comme une heure de méditation à regarder le bleu du ciel et le bleu du lac. Quel repos après ces quinze jours de vie intense. On recharge un peu les batteries, bien à plat, il faut l'avouer... En plus, on est toujours emboucanés par ce méchant rhume qui nous mange les forces. Qué misère cet air conditionné dans les avions et les autos...

Puis comme le temps file et comme pour repousser l'échéance de la remontée des 44 virages en épis tant redoutés, nous décidons de longer les bords de ce lac immense (17 kilomètres de large sur 8 kilomètres de long) à petite vitesse, juste histoire de bien s'imprégner de cette lenteur de vivre...

Tout respire ici le bonheur de vivre dans un pays de cocagne. De l'eau, du soleil, du riz, des cocotiers, des bananiers, toutes sortes de fruits dont nous ne connaissons pas toujours le nom et des légumes à profusion... Même les chiens (pourtant pas bien vus en pays musulmans) et les chats ont l'air les plus heureux du monde ! 

   

                                     

                                      

J"ai pas besoin de vous dire que nous ne croisons que des sourires de femmes, habillées de leurs plus beaux atours pour les nombreuses prières qui ponctuent les journées de Ramadan... Vraiment cet Islam devrait être suivi de partout. Il est sain, il est beau, il est vrai et surtout il est libre... On a du mal à imaginer les intégrismes venus de Java et qui ont tant blessé l'île de Bali lors des attentats des années 2000. Mais il est déjà temps de faire demi-tour et de remonter les 44 Virages en la compagnie des fadas du volant et sous le regard amusé des singes toujours présents sur le bord des routes.

C'est encore épuisés et le tafanari dans un état que je vous dis pas après ces 80 kilomètres parcourus, que nous rentrons à Bukittingi afin de rendre Chouchou le scooter à son propriétaire et surtout faire les sacs car demain, c'est le grand départ pour de nouvelles aventures, sur l'île de Java ! Le minot est de plus en plus au point, il a enfin trouvé la tèquenique du sac made in rapidos !

Quant à moi, je rêve toujours d'un oeuf dur ! La frustration me met bien les nerfs et du coup, c'est moi qui fait rrrien que des couillonnades tout du long de la soirée ! 'Faut bien rigoler, non !?

Et vous le savez... Le Rire c'est trop bon !