7h du matin, la Mistouline est déjà devant son petit déjeuner pour une encore matinée de travail... Voui ! Je vous le dis pas mais c'est sur Ubud que je fais mes plus belles photos, que je vous montre pas ici mais que je mettrai à la vente dès Septembre, comme d'habitude... 'Faut pas croire ! Je fais pas que de me balader le nez en l'air... On va dire que je bosse mais... en baladant ! Hier, c'était fleurs et jardins... aujourd'hui... je vais me concentrer sur les petits détails, ceux qu'on passe devant sans les voir parce qu'ils font partie d'une ambiance mais qui pourtant restent dans nos mémoires à tout jamais... Je laisse le minot à ses livres et ses cahiers et je me reprends la direction de la Monkey forest Road. Y'a des tas de gens qui me disent qu'il n'y a rrrien à y voir... moi, je n'ai jamais réussi à la descendre d'un trait en une seule fois ! Tant de ruelles, presque des traboules parfois, entre Resorts de luxe et rizières... Une mine de détails inépuisable ! Et comme hier j'ai marché au hasard... aujourd'hui... je décide de me laisser guider par mon collègue Ganesh ! Comme il est présent partout... y'a qu'à suivre son image que je me dis en appuyant déjà sur le bouton de l'appareil ! 

D'un Ganeshou à un autre Ganeshou, j'arrive dans une encore maison d'artiste superbe où je reste bien une heure, tant les détails sont tous plus beaux que les autres ! Je me pense qu'il n'y a pas à tortiller ! Quand une ville est investie par les artistes, son destin change à tout jamais ! Qui aurait dit au début du 19° siècle que cette bourgade de paysans au milieu des rizières deviendrait ce qu'Ubd est aujourd'hui !? Personne... Toute sa finesse, sa délicatesse et son élégance, proviennent de ce passé et de ce présent artistique... 

D'un Ganeshou à un autre Ganeshou, je traverse ces fameux Resorts de luxe qui inondent les brochures touristiques... 

... coincés entre les quelques rizières qui restent encore... Le contraste est grand, entre les touristes flottant dans les piscines et les derniers paysans qui travaillent au milieu de tous ces complexes...  

Les deux mondes si opposés se croisent, se côtoient à quelques mètres les uns des autres, chacun restant à sa juste place, ne dépassant pas les barrières, à un grain de riz près ! Vraiment surprenant comme situation que je me pense toujours jalan jalan, appareil en mode rafales... 

Trois heures plus tard... j'en suis toujours à mes petits détails et n'en suis même pas au milieu de la Monkey forest ! Quand je vous dis que cette rue on peut la descendre toute une vie sans jamais la remonter !!! Y'a des couleurs, y'a des motifs, y'a des reliefs et des lumières... 

Heureusement que le minot n'est pas avec moi... il me mangerait ! Mais de marcher... ça fatigue les petons surtout qu'ils commencent à fumer ! Et voui, après le nez qui recommence à croûter... j'ai les pieds qui me font vilaine figure... 'Faut que je les économise sinon je vais repartir pour des boudins difformes de doigts de pieds comme tous les étés ici ! Qué misère d'être si fragile des extrémités ! Zou ! Petit arrêt dans un endroit que j'avais déjà repéré mais dans lequel je me suis encore jamais arrêtée, le Wayan café.

***

***

Ambiance zen, fontaines à tous les coins du jardin, coussins autour de tables basses, un silence de roi tout à côté du bruit des autos et des scooters  et en plus...  ils ont des croissants ! Si, si ! A Ubud, on trouve tout l'occident dans les rayons, même la vache qui rigole, mais ça, je vous l'avais déjà dit ! Je me régale donc d'un petit noir et de ce croissant qui me fait baver rrrien que de le regarder même si c'est un croissant de nain ! Et alors, je vous dis pas l'extase des papilles quand une petite dame m'apporte du beurre et du vrai ! Je crois que j'ai plus mangé, du beurre au croissant qu'un croissant au beurre ! Trop bon ! Vraiment une adresse à garder quand certaines envies se bousculent au portillon d'un estomac en mal de goûts de chez nous ! 

Je vous dis pas comme je me les repose ces petons ! Y'a tellement de détails à photographier autour de moi dans ce jardin... que j'y reste comme l'arapède sur son rocher, tè ! Le minot va plus me manger... i'va me trucider ! Déjà midi ! 'Faut quand même pas que j'exagère de trop son temps de révisions ! Et y'en a qui me disent que ce sera difficile pour moi de voyager toute seule quand le minot ne voudra plus me suivre !!! Que nenni ! Je vous dis pas comme la Mistouline elle va retrouver ses bonnes habitudes d'il y a très très très longtemps ! La solitude me dérange pas, c'est d'être mal accompagnée qui me fatigue le plus ! 

Je quitte avec difficulté cet endroit zénité... non pas parce que j'y resterais encore... mais parce que la position assise sur les coussins c'est bien... mais alors pour se relever... Mémère elle a du mal ! Boudie que ça coince et que ça craque ! Qué misère d'être fragile des extrémités et rouillée du dedans que je me répète encore en dépliant chaque partie de mon corps ! Il est temps d'aller faire un tour du côté de Tirta Empul, saluer la Déesse qui guérit tout ! Demain... peut-être... ou alors après demain...

Un pas après l'autre, Mémère est décoincée et déjà arrivée au Wayu ! Je vous dis pas sur le terrain de foot l'animation qu'il règne ! Répétition générale pour la grande fête nationale et grand show de tatoos réunis ! Pas très assortis mais ça le fait ! Tout ce petit monde se mélange sans aucun souci ! 

Et... Oh miracle ! Nyoman est au Wayu ! Ce soir, ils répètent tous avec Agus leur nouvel album et il est prévu qu'on les rejoigne. Il m'explique vite fait où que ça va se passer mais je me méfie de ses explications ! La dernière fois, il m'a encore perdue à Payolle et en plus, à la nuit ! Non, non, que je lui fais ! Prépare moi un petit dessin bien fait sur du papier a'que des distances tout comme i'faut parce que Mémère, elle a deux ans de plus au compteur et surtout des yeux qui sont pas bien bons la nuit !!! Pendant qu'il me prépare mon petit plan, je file chercher le Mistoulin qui va plus me manger, ni me trucider... i'va me jeter du toit de notre terrasse, c'est sûr ! Il est midi passé et il n'a toujours pas mangé !!! 

Bababaou !!! Je vous dis pas comme j'entends parler du pays ! Que je suis une mère indigne, que j'ai pas conscience de l'heure, que j'exagère, que je l'oublie... Bref ! J'ai droit à la grôsse sérénade avec les violons et les tambours réunis ! Boudie, les hommes quand ils ont faim... c'est quelque chose ! Mais le sourire revient vite quand je lui dis qu'il va pouvoir se manger un Burger cordon bleu façon Nyoman au Wayu !! Il en rêve depuis deux ans... peuchère ! 

Le Mistoulin rassasié, notre petit plan en main pour ce soir, on quitte le collègue et on file sur Chouchou vers la Vallée d'Ayung où une belle randonnée nous attend. Vroum vroum, sans les casques... 'fait trop chaud et on dirait que la police d'Ubud a disparu, alors profitons-en !!! Direction le Nord d'Ubud par la route du Blanco Museum. La circulation est déjà grande et il nous tarde d'arriver sur nos petits chemins, loin des voitures et surtout de ces bus qui font des bouchons pas possible ! En slalomant entre les deux, on arrive enfin à nos routes en solitaire et on retrouve nos rizières et nos canards, en plein ébats amoureux ! Brave rigolade devant la façon dont chacun fait sa petite affaire, je vous raconte pas ! 

***

***

Comme toute la vallée est occupée par des encore Resorts de luxe, nous voilà obligés de se garer près de l'un deux pour pouvoir accéder au départ de notre randonnée... Vous en voulez des piscines à débordement !? Y'a que ça dans le coin ! Au milieu de la jungle et dominant la vallée... ça peut être beau pour certains... moi, ça me déconcerte... 

... un peu comme l'expression "Un éléphant dans un magasin de porcelaines"... La jungle, je me la préfère telle qu'elle est... SU BLI ME ! Heureusement, très vite, on s'éloigne de tous ces éléphants et on se retrouve seuls devant une descente vertigineuse ! Des marches à l'Indonésienne qui font deux mètres de haut ! J'exagère mais pas de grand chose, la vérité ! Le minot descend en courant... Mémère, en couinant ! 

Mais les efforts sont récompensés ! ça descend raide mais plus on descend plus la végétation est dense  avec des arbres si hauts qu'ils touchent le ciel,  des plantes gigantesques et surtout tous ces bruits que j'adore... Des cigales, des grillons, des oiseaux, des bruits bizarres et le bruit de l'eau ! De l'eau de partout, en filets, en cascades et le tout qui descend jusqu'à une encore rivière encaissée... Quand j'arrive en bas, c'est le minot qui zénite tellement c'est beau ! 

La randonnée n'est pas bien longue mais quel plaisir de longer cette eau qui passe par des gorges et des chutes ombragées... 

Petit goûter au bord de l'eau et puis c'est la grande remontée ! Bababaou ! Je vous dis pas comme je sue mon père, ma mère et tous mes ancêtres ! Je couine plus, les os n'en ont plus la force ! Quand j'arrive enfin à notre point de départ, je ressemble plus à rrrien, je suis trempée de sueur de l'effort et de la jungle, humide et moite, un vrai sauna !

Quand on arrive enfin à l'oustau, c'est la course ! On a encore trop traînassé, on est en retard pour la répétition du groupe ! A la vitesse de l'éclair on court sous la douche, histoire de pas trop sentir le chacal... on re-saute sur Chouchou pour notre cantine attitrée épicée à pas cher le Putri Minang et plan en main... on part dans la déjà nuit, vers la maison d'Agus ! Jusqu'à moitié plan, on a tout bon mais alors après... c'est encore la corrida pour trouver l'endroit ! Qué misère, les distances chez les Indonésiens ! Et que je tourne, et que je vire, et que je fais demi-tour, et qu'on demande à Pincou et Zincou, la maison d'Agus ! Quand on y arrive enfin... bé on est tout dégoulinant et on re-sent le chacal, tè ! 

Mais on regrette de rien tous les efforts car écouter un album en préparation, c'est une chance qu'on sait apprécier à sa juste valeur ! Comme si on s'était tous quittés  la veille, on se tape dans le dos, on se raconte nos petites vies, on se boit le thé ou le café a'que les petits gâteaux en sucre et surtout on écoute et on observe Agus. Vous le croyez qu'ils ne savent pas écrire et encore moins lire la musique !? Qu'ils font tout à l'oreille en répétant et en répétant encore ce qu'Agus leur chante ou leur joue de sa flûte traditionnelle !? Il a tout dans la tête ! La partition de chacun gravée dans sa mémoire, c'est vraiment impressionnant ! Un par un, il les fait travailler, ça prend un temps fou, il a une patience extraordinaire mais quand tout à coup, il donne le départ de l'ensemble par un sonore "Kapa" qui, je suppose, est l'équivalent de notre "Un, deux, trois...", comme par miracle une mélodie se dessine, tous les sons s'imbriquent parfaitement les uns avec les autres... c'est extraordinaire ! Je n'ai pas pu filmer car les copyrights ne sont pas encore déposés mais je peux vous dire que le prochain album sera différent du premier mais que c'est de la bombe !!! On s'est régalé et on n'a pas vu le temps passer... Petite photo pour se souvenir de ce moment précieux passé ensemble, échanges de dates de concerts pour voir si on peut assister à l'un d'eux avant notre départ, accolades chaleureuses et on se quitte, reprenant la route et la nuit... sous une lune pleine qu'elle est trop belle ! 

Y'a vraiment des journées qui ne devraient jamais finir...