Je vous l'ai déjà dit, je ne reconnais plus Amed et mes petites criques de Jemeluk ou de Lipah Bay... Sur la route des Gilis entre Lombok et Bali, elle ne pouvait que se développer, c'était irrémédiable mais à une telle vitesse... ce serait chez nous... impensable ! Quand on pense qu'il faut des années pour refaire le pont des Martigues... on voit un peu mieux l'énorme blocage dans lequel on baigne, un immobilisme économique que c'est rrrien de le dire !

Bref, non seulement les routes ici ont été refaites, on peut même faire à présent le tour de Pépère Seraya vers Amlapura sans se manger des kilomètres de pistes en scooter, deux ports sont nés pour débarquer les fast-boat people que nous sommes et trois superbes ATM bronzent au soleil sur le bord de la côte... Tout est là pour que le touriste, s'installe et ne parte plus ! Sauf que... l'attrait des Gilis est tellement important que les touristes ne font ici que passer... J'imagine donc que c'est la raison pour laquelle les propriétaires de guests, d'hôtels ou de bungalows ont tant augmenté leurs prix... Si les touristes restent peu autant leur tirer un maximum d'argent...

Amed qui était le parent pauvre de Bali avec Pemuteran est devenu une grosse machine à recevoir les touristes. Terminé le calme de ces petites routes cabossées où l'on ne croisait que les scooters, aujourd'hui les voitures sont aussi de la fête... et souvent conduites par des Occidentaux qui bien entendu ne savent pas conduire ici. Brave pataquès de blocages sur ces routes qui épousent le volcan du-dessus et qui ne font que monter et descendre ! C'est comme si dans nos calanques on ré-acceptait les autos jusqu'à la mer... ce serait une aberration... ici, elle vient de naître.

L'ambiance n'est également plus la même... celle bon enfant qui nous attendrissait tant... Les propriétaires d'hébergements n'ont plus leur petit bout de papier sale pour nous calculer nos petites notes... la calculette électronique fonctionne à grand rendement et on ne lève plus la tête pour entamer d'interminables discussions sur le temps qu'il fait... Business is business... Même les Reggae men calculent et calculent encore sur les musiques de Bob Marley dont les paroles sont si loin de cet acharnement à gagner sa vie plutôt que de la vivre...

Mais ce changement à vitesse grand V n'est pas sans coincer aux encolures... Quand on propose une chambre lambda à 300 000 et plus, 'faut pas s'attendre à ce que les voyageurs restent longtemps... Non seulement ils ne font que passer mais ils emportent avec eux le regret de ce qui a été et qui n'est plus. Le Dieu Internet se charge ensuite de faire le reste...  Quand on propose une chambre luxueuse à 400 000 jusqu'à plus d'un million ce qui revient à des prix identiques à chez nous et grand luxe d'Ubud, le service doit être impeccable... or, ils ont encore tous la culture des backpackers... chambres non faites le matin, vague petit ménage dans les espaces publics mais les cendriers ne sont pas vidés, les tables pèguent encore du déjeuner précédent, les jus de fruits frais sont des jus en sachets et pour les déjeuners ils sont si peu habitués et formés à servir de nombreux repas qu'il faut plus d'une heure d'attente pour un plat qui se perd sur une carte beaucoup trop longue... et non maîtrisée... Ils n'ont pas compris qu'en augmentant leur prix les backpackers ne pourraient plus s'offrir ce genre d'hébergements et qu'il faudrait alors qu'ils se mettent au travail pour justifier les prix affichés auprès d'une clientèle bien plus exigeante ! Ils veulent imiter Ubud et toute la Côte Sud mais pour l'instant... ils sont loin d'égaler prix et services... Je ne me fais pas de soucis, les Indonésiens ont une capacité d'adaptation faramineuse...

Ceci étant... il est clair qu'Amed n'est plus du tout une destination Backpackers... Routards passés votre route, se réveiller en bord d'Océan au milieu des pêcheurs est une époque révolue... du moins en Juillet-Août !