• 30 Juillet - Rantepao le rejet

    Après une nuit un peu fraiche mais finalement très agréable entre le bruit des grenouilles, des geckos, des coqs et poules au petit matin, des pétarades de scooters et des pousse-pousses à moteur, on se lève pour un petit déjeuner entre Français, un peu paumés dans cet endroit déconcertant... On blague bien une heure puis on s'échange nos tuyaux sur les lieux où se passent les cérémonies funéraires ou les mariages car ici, ce sont des secrets bien gardés par les locaux ! En fait, pour nous obliger à utiliser les services d'un guide, les lieux ne sont pas divulgués et même l'office du tourisme fait tout pour décourager les touristes en les envoyant à Payolle, à pied ou en bémo, là où il ne se passe rien et où bien fatigués de marcher, ils prendront enfin un guide qui les mènera vers la cérémonie officielle... Je comprends à présent pourquoi il m'a été si difficile de louer un scooter, il n'est pas bien vu de se déplacer par ses propres moyens ! D'ailleurs on me demande systématiquement qui a bien pu me louer l'engin et quand je réponds que ça les regarde pas, le ton monte et l'ambiance devient irrespirable...  On me demande également où je séjourne pour pouvoir m'envoyer tout un moulon de guides au petit matin ou bien à la tombée de la nuit, quand on n'est pas réveillés ou trop fatigués pour envoyer valser tout ce petit monde... Je donne toujours une fausse adresse de guest mais la franche vérité, l'atmosphère n'est pas ce que nous espérions... Première fois en Indo que nous éprouvons un sentiment de rejet... Les paysages sont pourtant fantastiques...

    Les routes sont par contre désastreuses ! C'est bien souvent que le minot descend du scoot pour que je puisse me dépatouiller seule avec ces ornières pas possibles ! Il doit pleuvoir ici des trombes d'eau pour que le bitume soit aussi catastrophiquement détruit et emporté !

    Tous les villages sont traditionnels et c'est un plaisir des yeux de voir ces maisons surgir au milieu des rizières ou forets...

     

    Mais, y'a rrrien à faire... Au bout de 40km, loin de Rantépao et de son semblant de civilisation, la population est loin d'être sympathique et le minot se ne sent pas bien, tout comme moi à présent ! Les gens sont fermés, leurs regards souvent agressifs et même les enfants ne nous accueillent plus de leurs joyeux "HELLO" mais de mots qui sifflent de façon méchante à nos oreilles. Des doigts d'honneur, des signes Hitlériens (on se demande bien pourquoi !?), pas de jets de cailloux... mais cela ne nous étonnerait pas ! On arrive ainsi à un village où une cérémonie funéraire vient de se terminer, selon nos collègues Français qui ont assisté aux sacrifices de buffles et autres animaux pour accompagner le défunt dans son long voyage. 10 jours de fête... Le personnage devait être important, que je me dis tout bas...

    A peine descendus du dos de Chouchou, on nous demande une dime pour entrer... C'est curieux quand on pense qu'on a pénétré dans plus d'un village et qu'on ne nous a jamais rien demandé puisqu'on nous ignore royalement même quand on essaye de communiquer en Indonésien ! Bababaou, mais où sommes-nous tombés que je me dis en payant le tiquet d'entrée comme à Disney Land ! Des guides, toujours eux, se présentent et nous disent qu'il n'y a plus rrrien à voir... On sait, nous ce qu'on veut c'est voir un sanctuaire caché derrière le village ! Y'en a pas qu'ils me répondent tous ! 'Va fan culo que je réponds grossièrement à chacun car la boufaillisse, elle commence à me monter grave et surtout grasse !

    Tout est désert et sale, nuits de fête obligent... Les maisons ne sont plus habitées depuis très longtemps, c'est certain... même si très belles...

     

    J'ai l'intime conviction que ce genre de cérémonies n'est qu'une mascarade organisée par le gouvernement qui veut développer le tourisme dans cette région... Rrrien n'a l'air vrai, tout respire le factice que ça en pue à des kilomètres à la ronde ! D'ailleurs, plus concrêtement, l'odeur est irrespirable à cause des organes de buffles qui trainent un peu partout. Mêmes les mouches sont agressives et pullulent autour de nous...

    On croise une famille Australienne accompagnée d'un guide qui nous regarde avec dédain car nous ne sommes pas, justement, guidés ! Le couple me confirme bien qu'en s'engageant dans la montagne, nous trouverons des sépultures Torajas. Zou, go pour le sanctuaire même si le minot n'en n'a pas très envie. Je suis venue pour ça, je vais quand même pas me faire emboucaner par des regards ou des attitudes, non mais !? Et c'est gagné ! 10 minutes plus tard, nous sommes devant la falaise où les cerceuils perchés nous regardent du haut de leur intemporalité...

    Des tau-tau ou effigies à l'image des défunts nous observent de leurs yeux fixent. 


    Ces rites funéraires me fascinent. Dis-moi comment tu enterres tes morts, je te dirai qui tu es ! Comme les anciens Egyptiens, les Toraja pensent  que le défunt doit partir pour son voyage dans l'eau delà, accompagné de ses objets personnels ainsi que de l'âme de ses animaux d'où les sacrifices nombreux s'il possède beaucoup de bétail. Les cercueils sont soit enfouis profondément dans des grottes avec à l'entrée les tau-tau pour les signaler ou bien accrochés aux paroies des falaises. Là, ça devient plus compliqué pour la conservation, car nous en trouvons beaucoup éventrés, les os et les cranes jonchant à présent le sol. Mais ça n'a pas l'air d'être trop grave car on continue à leur faire des offrandes à même le sol ! Je me demande bien qui se boit les bouteilles dans l'histoire, celui qui offre ou le défunt !?

    Mais la montée dans la falaise ne rassure pas le minot qui se sent de moins en moins bien dans cette atmosphère un peu trop lourde pour lui... Nous quittons donc les lieux, lui, un peu effaré par ces rites funéraires, moi, totalement comblée car certainement mieux préparée... Et comme d'hab', nous nous perdons sur ces routes où aucune indication ne vient poindre aux intersections et où la carte est encore à jeter aux oubliettes tant elle ne correspond à rrrien ! Brave galère quand les gens sont fermés et aussi peu communicatifs ! En plus, on s'encape la grôsse chavane qui nous trempe bien de la tête au pied même si on se trouve un endroit pour s'abriter ! C'est étudié pour qu'on se termine bien la journée, me fait le minot qui retrouve un peu son sens de l'humour !

     
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