La nuit a été longue. On était épuisé hier soir... Beaucoup d'émotions, beaucoup de la route... du coup, réveil un peu tardif. Heureusement, on a jusqu'à midi pour plier bagage. On se régale une dernière fois avec notre petit déjeuner dans la jungle, dans les vapeurs d'encens, au milieu des oiseaux et des écureuils qui viennent se ravitailler d'offrandes.

Mais quand 'faut y aller, 'faut y aller et c'est mon homme qui donne le top départ ! Nos gros Pépères sont assez vite packés, on commence à être rodé et puis on ne les porte pas sur le dos, on est moins méticuleux dans la répartition des poids ! 

Dernier tour d'horizon sur notre petite maison, je sème toujours derrière moi, c'est bien connu ! 

Marc sangle les sacs sur nos chouchous et programme Monsieur GPS. On dit au revoir à nos hôtes gentils tout plein et je jette un dernier regard vers ce lieu bien calme au cœur même d'Ubud.

On file au grand supermarché Bintang à la sortie de la ville, histoire de voir si on trouve pas de pastis pour remplir à nouveau la bouteille bleue et surtout acheter de nouveaux gigas pour ma carte SIM afin que je puisse continuer à vous écrire mes bafouilles à la vitesse grand V, le soir avant d'aller me coucher.

Si je trouve à recharger mon Internet pour 102 000 roupies les 7 gigas, impossible de trouver un bon 51 ! A croire que plus personne ne boit de ce breuvage sur Ubud. J'en trouvais toujours à Kuta et ici... Je peux rayer Ubud de ma liste ! Tant pis ! On va se mettre au Arak, ça sera plus facile à trouver ! 

Et nous voilà enfin sur la route, direction Amed, le nord de Bali. La journée va être dure et nos popotins vont souffrir car il nous faut faire 84 kilomètres pour y parvenir. Mais on s'y est préparé. On veut des plages où on puisse se baigner et snorkeler, c'est là-bas qu'elles se trouvent et on n'a pas trop envie de faire une halte où que ce soit. Quant à moi, je suis trop impatiente à l'idée de revoir ma cabane au bord de l'eau. Zou ! Vroum vroum.

J'avais prévu une halte au temple de Goa Lawah et une surprise nous y attend ! Nous qui n'avons pas assisté à une seule cérémonie à Ubud et autour, nous voilà devant un grand rassemblement sur la plage. Trop bon ! La police fait la circulation mais ce coup-ci on a nos casques vissés sur la tête ! On se gare, on prend un coca chez les petites dames autour du temple et on se jette dans la foule au son d'une musique vive et entraînante.

On arrive au moment où les gens déposent leurs offrandes dans la mer, j'adore. C'est un magnifique spectacle où les Balinais sont en totale communion avec les Dieux...

Au loin, on aperçoit Lombok un peu dans les nuages et on a une pensée pour tous ces gens qui se retrouvent sans maison après le tremblement de terre qu'il y a eut avant hier... Quand on pense que nous n'avons rien ressenti sur Ubud, on a du mal à le croire... 

Les offrandes offertes à la mer, certains s'agenouillent et prient longuement en bord de mer comme pour implorer les Dieux de protéger Bali... Les enfants s'amusent, les jeunes hommes se prennent en photos, il règne toujours une joyeuse ambiance lors de ces cérémonies sans grand protocole.

Les femmes s'alignent en procession et tournent autour d'un autel sur la plage puis tout ce petit monde se rend au temple, de l'autre côté de la route au son d'une musique envoûtante et vibrante.

Malheureusement pour nous, nos sarongs sont au fond de nos sacs à dos... nous ne pouvons pas les suivre...

D'un autre côté, c'est préférable, il nous reste encore 54 kilomètres et j'ai prévu de passer par la côte et pas par l'intérieur des terres.

Il y a deux ans la route était toute défoncée, les derniers 20 kilomètres vont être difficiles, il ne vaut mieux pas traîner !  

Aujourd'hui Monsieur GPS assure ! Il nous fait prendre des petits chemins que je ne connaissais pas et même des chemins de terre qui n'existent pas ! On arrive assez vite à Amlapura après avoir passé la petite effervescence de Candidasa. 

Avant d'attaquer la montée sur ma route défoncée, on fait le plein de Benzina tout en se dégourdissant un peu les gambettes et les popotins déjà mal en point... Et puis c'est parti, Zou pour les derniers 20 kilomètres difficiles ! Mais quelle surprise !

Ma petite route abandonnée est à présent goudronnée ! Elle est toujours aussi étroite mais de petites voitures circulent et on passe même devant une mini station service ! Je n'en reviens pas !

Si le trajet est beaucoup plus rapide, il est aussi différent... Autrefois, on ne croisait par ici que des cabanes de pêcheurs ou de bergers, des cabanes en bambou aux toits de chaume... Elles sont presque toutes remplacées par des maisons en dur... Beaucoup de résidences sont aussi construites avec vue sur la mer, les gens ont du vendre leurs terres... et se construire des maisons plus confortables... Les joyeux "Hello" des enfants se sont tus... ils voient trop de monde toute la journée sur cette route à présent carrossée...

On s'arrête pour la vue et pour se restaurer un peu, on n'a rien mangé depuis ce matin, comme à notre habitude. Le paquet de galettes y passe et on se fume la petite cigarette devant un paysage encore un peu voilé mais tout de même très beau.

Puis on reprend la route pour les derniers cent mètres avant le repos des guerriers ! Plus on monte dans la montagnette plus la végétation se fait aride. Les cours d'eau sont tous à sec mais c'est tout de même un plaisir que de rouler avec toujours la mer à nos côtés.

Et puis, je fonce, je sens l'écurie... Pourvu que mon petit paradis n'ait pas changé que je me dis, en descendant la petite allée toute escagassée qui mène chez Baba ! Mais tout semble à sa place, à l'exception du portrait de Baba avec Jokowi qui a disparu... 

Le réceptionniste nous attend, nous aide à porter un gros pépère et m'explique en chemin qu'il y a eu certains changements depuis mon dernier passage ! Aïe que je me dis ! Pourvu que ce ne soit pas too much, j'aurais du mal à revivre une déception ! 

Marc s'acclimate très vite au lit extérieur et moi, je scrute l'intérieur de mon home sweet home de fond en comble !

La literie est neuve et la moustiquaire aussi, le ventilo est toujours aussi vieux mais en place, la mer est toujours là même si elle se retire un peu, mes banians aussi... mais où sont donc les changements !?

C'est quand j'ouvre la porte de la salle de bains que je découvre les nouveautés ! 

Tout est carrelé du sol au plafond... la grotte sombre a disparu, les crapauds et les rats avec, la vasque en pierre de lave fait beaucoup plus moderne et surtout il y a des toilettes à jets qui me font énormément rire ! J'essaye bien entendu immédiatement l'engin ce qui ne fait que déclencher un fou-rire qui retentit encore ! 

Non, mon bungalow de paille et de bambou n'a pas excessivement changé et en plus il y a à présent, de l'eau chaude !!!! Incroyable ! Mon Homme est totalement ravi. Je le laisse à ses satisfactions, les pieds en éventail, regarder la vue dont je rêve bien souvent en m'endormant l'hiver au fond de mon lit tout froid...

Et je cours voir les nouveaux bungalows dont m'avait parlé Baba il y a deux ans. Il voulait faire des maisons de deux chambres avec cuisine pour les louer au mois... 

Je passe devant les derniers bungalows construits, toujours aussi beaux...

Je passe le deuxième petit pont qui traverse des habitations locales et puis... je tombe sur...

une piscine ! Baba ne m'avait jamais parlé d'une piscine et j'avoue que dans une région qui manque d'eau, je ne comprends pas bien mon Baba écologiste... Quant aux bungalows, je les trouve moche et sans attrait... mais les goûts et les couleurs, c'est bien connu, ne se discutent pas !

Je tourne les talons, un peu déçue... Je m'imaginais tout autre chose... mais tant que mon bungalow à moi, ne change pas plus que ça, no souçaï !

On se fait le petit plouf plouf dans une eau chaude à souhait, on se fait griller au soleil qui commence à décliner et après une petite douche bien chaude (c'est vrai que c'est appréciable), on prend la route du Sunset Point View, mon rituel du soir. J'espère tant voir enfin Agung le superbe !

Il y a deux ans j'y avais découvert un bar restaurant qui remplaçait nos rustiques cailloux où s'asseoir et admirer le spectacle, cette année je découvre que l'endroit, est en plus, barricadé de bambous... Qué misère ! 

On se gare et on s'installe sur les derniers cailloux qui restent, refusant de prendre commande. Je regrette tant ces soirs où locaux et touristes se mélangeaient ici autour de Bières Bintang et de guitares Bob Marley... Mais ça aussi, ... , c'était Avant ! Je ne suis pas contre les changements, bien au contraire, mais seulement quand ils sont en harmonie avec les lieux et les êtres, pas quand ils les dénaturent et les dépouillent !

Agung est toujours aussi beau même s'il est encore bien caché par des nuages menaçants ou bien de la fumée... On n'arrive pas trop à discerner !

La baie s'enflamme des derniers rayons de Matahari où les bateaux deviennent ombres...

C'est tout heureux de ce magnifique spectacle qu'on se rentre dans notre nouvel oustau et que je fais découvrir la cuisine du Good Karma à Marc. Ici, tout est bon ! Tout est tellement bon qu'on ne fait rien d'autre que de TOUT savourer !  Et mon Homme n'est pas déçu ! Il a choisi un poisson au lait de coco hyper Pedas (fort) et il fume de toute part ! 

Merci à mon Ganeshou pour toutes ces beautés et plaisirs du jour !