Zou ! C'est bien jolie la glandouille mais ce matin, le réveil sonne à 7h ! On petit déjeune au milieu de la jungle avec en prime de tout mignons écureuils qui sautent de branche en branche, le summum du plaisir, après le café noir, bien entendu !  

On saute dans nos baskets et on part pour une petite randonnée comme je les aime ici. Pas de scooters, on a juste à traverser la rivière qui coule en contrebas de notre maisonnette et on rejoint très vite un sentier au milieu des rizières.

Elles sont toujours aussi magnifiques... De ce côté là, rien n'a changé. De vrais miroirs entre ciel et eau...

Mes collègues les canards barbotent toujours aussi gaiement au milieu des paysans qui sont déjà à l'oeuvre, arrivés à pied ou en scooter, que regardent les aigrettes dressées comme des vigiles au milieu des eaux...

On passe différents cours d'eau par de jolis petits ponts, au milieu de la jungle qui fait des bruits enchanteurs puis on longe des canaux d'irrigation, on passe d'une mini vallée à une autre, d'un plateau à un autre, tout est calme et paisible et pourtant, Ubud et sa folie sont si proches ! On a du mal l'imaginer...

Ici la Nature est généreuse, on s'émerveille de voir la vie, partout... ça nous change de Java Est où on scrutait désespérément les paysages à la recherche d'un petit battement d'aile... Le temps est superbe, il fait même très chaud humide. On va peut-être enfin bronzer car on est tout blanquinasses ! On peut pas dire qu'ici on est eu la canicule depuis qu'on est arrivé ! Marc est heureux, il y a à manger et des animaux partout et moi, je plane à 2000 comme à mon habitude en ces lieux ! 

On s'arrête boire un petit kopi Bali bien noir comme je l'aime, Marc n’adhère pas du tout... il se contente de thé toute la sainte journée, chaud ou froid, tout fait son affaire. Pour moi, le café Balinais est excellent, il a selon moi, ce petit goût de la terre d'ici...

Nous sommes au milieu de rizières dans un lieu construit pour les occidentaux... La décoration est raffinée ainsi que les prix. On domine les miroirs sur l'eau comme assis sur la terrasse d'un ami... 

J'y observe le même phénomène que les années précédentes... Les rizières sont grignotées par ce genre d'endroits et les guesthouses qui poussent comme des champignons... Ceux qui travaillent le riz sont cernés par des gens comme nous en train de siroter un verre ou bien en train de bronzer autour de piscines improbables au milieu de ces cultures ancestrales... Bali devient une belle carte postale pour touristes... Qu'en sera-t-il des cultivateurs lorsque les rizières auront disparu au profit de ces logements luxueux... ? 

Rafraîchis et reposés, on continue notre petite randonnée en tombant comme je l'avais prévu avec mon sens de l'orientation légendaire... (c'est pas vrai, je suis toujours en mode "Perdition" ) au départ d'une autre randonnée, celle de Campuhan ridge walk. C'est là qu'il y a quelques années, j'avais trouvé une superbe maison à louer au mois... j'espère la retrouver...

Il est midi, le soleil cogne et la montée qui semble galette, l'est beaucoup moins quand on commence à attaquer la crête. On y va tranquillou mais on transpire doucement quand même. Quand on croise un couple de coréens qui font des photos de mariage, tout dégoulinants de sueur... on se demande bien comment ils peuvent ainsi rester des heures à faire des shooting interminables... Ces gens sont une énigme pour nous...

Mais quand on arrive enfin au bout de la crête, tout a changé... Je ne reconnais plus rien. Il y a des tas d'ateliers d'artistes, des hôtels de luxe, des maisons à louer... mais je ne retrouve plus mon petit paradis de maison sur la falaise...

On cherche encore un peu mais c'est peine perdue, on capitule... et on admire les œuvres de différents artistes installés ici.

Quand on retourne sur nos pas pour regagner la folie d'Ubud, le temps vire à nouveau. Décidément, ici comme sur Java, nous n'arrivons pas à avoir une journée complète de ciel bleu... Les nuages sont lourds et blancs, la descente est encore plus humide que la montée...

Les rues d'Ubud retrouvées on se rend compte qu'on meurt de faim ! Il nous reste de la pizza de Toni et des oeufs dans le frigo, mon homme se sent l'âme d'un grand cuisinier aujourd'hui alors on rentre vite à l'oustau, nous qui ne déjeunons jamais depuis le début de ce voyage...

Après deux œufs sur la pizza de Toni... on est mort ! Je ne sais pas si c'est le fait d'être dans le silence total ici... plus la randonnée matinale, mais on se sent comme, vidé. On s'allonge sur notre joli lit à baldaquin pour un court sieston... qui dure qui dure ! Ma Mamia ! Il est déjà 16h quand on émerge des abysses de cette sacrée sieste !

Comme il est trop tard pour s'aventurer hors d'Ubud, le soleil se couche tôt par ici, je décide de mener mon homme à Goa Gadjah, lieu que j'aime beaucoup, calme et paisible où coule encore de nombreux cours d'eau. Cette fois-ci, on prend nos deux scooters, conduire me manque de trop, même dans la folie d'Ubud...

Vroum, vroum et nous voilà, devant la cabane à pagare. Le prix n'a pas changé, 15 000 roupies chacun soit même pas 2€. On enfile nos sarongs et on descend vers la grotte, son monstre et les bassins qui donnent la jeunesse éternelle. Si, si ! Je m'y trempe le visage à chacune de mes visites, priant les déesses de me l'accorder ! Marc me prend de plus en plus pour une folle dingo mais c'est pas grave, il commence à avoir l'habitude.

Quand on commence à surplomber les lieux, j'avoue que je ne comprends pas ce qui s'y passe !

Les lieux, ici aussi, ont encore changé ! La grotte est totalement cachée par de nouvelles constructions qui sont vilaines à mourir, il y a des échafaudages de bambou de partout dans les petits temples et des buvettes aux quatre coins du site. Tout semble être devenu un gros carnaval pour touristes... Toute la merveilleuse perspective est rompue... qué misère !

Plus personne ne prie, plus personne ne se trempe dans les eaux sacrées, plus personne ne se déchausse pour entrer dans la gueule du monstre et plus personne ne craint sa colère... Les Balinais vendraient-ils leur âme au diable... ? J'avoue que je suis déconcertée... Mais m'en fouti ! Moi, je fais tout bien comme il faut, comme j'ai appris à le faire lors de mon premier voyage en compagnie d'un vieux guide qui m'attendait, moi et mon Mistoulin, pour m'initier aux coutumes des lieux.

On est tous les deux très déçus mais différemment. Moi pour avoir connu les lieux avant et Marc pour n'y voir qu'anarchie au milieu de touristes qui défilent les uns après les autres en cet endroit qui ne reflète plus rien de sacré...

Heureusement le parc n'a pas changé, il est toujours aussi vert et propre et c'est un plaisir de s'y promener. Mon arbre aux racines géantes a encore grandi... il est plus beau que jamais !

Sur la route, en slalomant entre les voitures et les bus tout du long de la Monkey Forest, je me dis qu'en deux ans bien des choses ont changé par ici... Tout va beaucoup trop vite... Si ma forêt de singes a évolué en bien, je ne suis pas du tout sûre du résultat qu'aura Goa Gajah quand tous ces changements seront terminés...

Rentrés, on décide d'aller se chercher un petit Randang et du riz en Take away. Je cherche désespérément mon Padang Makan sur la main road mais en vain. Deux nouveaux on fait leur apparition mais ma cantine a fermé boutique. Les deux nouveaux warungs sont vides de monde... Le mien autrefois n'était fréquenté que par des Indonésiens... En désespoir de cause et parce qu'il commence à pleuvoir, nous en prenons un dans un de ces nouveaux établissements... Mais la viande est aussi raide que la justice et n'a pas mijoté 6 heures comme le veut la recette... On ne gagne pas à tous les coups... 'Va falloir que je déniche un nouvel endroit. Ganeshou y veillera !