Curieusement cette première nuit sur Bali, n'a pas été ma meilleure de ce voyage ! Mon corps a du mal à se relâcher, trop de tensions, ... Je n'arrive pas à prendre le recul nécessaire sur ces vingt derniers jours sur Java. Et, je n'arrive pas non plus à réaliser que nous sommes enfin sur Bali bien que les geckos aient chanté toute la nuit. Mais quand j'ouvre les rideaux de notre petite maisonnette sur un ciel superbement bleu, sur les frangipaniers, sur mon petit jardin bien propre qui sent l'encens et autres parfums envoûtants et que je vois mes tatanes entourées d'offrandes, il n'y a plus aucun doute ! Je suis vraiment sur Bali.

Je laisse Marc aux bras de Morphée et m'empresse de retrouver ma table, au bord de la piscine et de prendre mon premier véritable petit déjeuner sans aucun nuage à l'horizon...

Les crêpes au miel du Sari Bali sont toujours aussi bonnes et je vous parle même pas du café qui est chaud comme il faut et qui a enfin le goût du café et non pas de café noyé ! Je prends mon temps, je savoure, je commence à me détendre et à oublier tout le mauvais de ce mois de Juillet pour ne me consacrer qu'aux bons souvenirs et à ceux à venir.

Ketut ne travaille pas aujourd'hui et je repense à ce qu'il nous a raconté hier soir. On vient de lui annoncer que sa femme qui attend un bébé a un cancer des ovaires. Il craint pour la vie des deux. Alors, nos petites mésaventures ne sont pas grands choses à côté de tant de malheurs et de chagrins. Je sais qu'en lui louant les deux scooters, le sien et celui de sa femme, nous l'aidons à payer quelques consultations chez le médecin qui coûtent cher ici. Et je vais penser à l'aider d'une autre façon quand nous reviendrons sur Kuta... 

C'est tard, très tard, que Marc émerge. Lui aussi a du mal à se détendre, en plus, il tousse énormément et n'est pas au top de sa forme, il s'inquiète... et moi, aussi. On traîne un peu au bord de la piscine et on décide de se la jouer plus que cool ! No stress, comme on dit par ici ! On a besoin de repos et de beau ! 

Après avoir repris un peu des forces, nous prenons le chemin de la plage. Il me tarde de revoir l'Océan et les énormes vagues de Kuta. Marc découvre doucement le charme des Poppies, ces petites ruelles où se concentrent toutes les guests à pas cher des anciens surfeurs et des aujourd'hui, voyageurs. Il se détend doucement mais j'ai bien du mal à lui communiquer mon enthousiasme mais je sais, au fond de moi, que le charme va opérer !

Et ça ne rate pas ! Dès nos pas sur le sable, à l'ombre de petits arbres, les petits écureuils de Kuta viennent nous dire bonjour.

Mon Dieu que c'est bon de voir enfin des animaux et en pleine ville ! Après 20 jours à ne voir que des animaux en cage, cela fait un bien fou ! Marc est sous le charme et moi, je savoure cet enfin partage d'émotions.

Qu'il est bon aussi d'entendre de la musique ! Elle est partout ici présente... et en plus ça chante et ça danse ! Beaucoup de personnes détestent Kuta, pour la circulation, pour le bruit, pour le comportement inadapté de certains Australiens, pour la foule... moi, j'adore ! Kuta est une ville qui déborde de Vie et elle me fait toujours un bien fou après des semaines sur les routes Indonésiennes. Ici, je reprends toujours des forces pour la suite...  On apprécie aussi le fait de pouvoir enfin communiquer sans difficulté à se faire comprendre. Ici, tout le monde parle anglais et c'est un plaisir de le manier avec humour avec les Balinais.

Il fait chaud ! Enfin ! Comme à mon habitude, on s'installe au milieu des Balinais qui offrent des chaises et des tables improvisées pour les touristes au bord de la plage. Je commande un coca bien frais et le sirote en regardant ce spectacle dont je ne me lasse pas...

Très vite, les petites dames de la plage arrivent. L'une d'entre elles est plus persévérante que les autres. J'ai tellement mal aux cervicales qu'un massage me fera du bien, j'accepte son heure de délices pour 50 000 roupies.

Elle s'installe et me masse le haut du dos, bien assise sur ma chaise, je sens qu'elle a touché mon point bloqué et elle sort aussitôt un baume du Tigre de par ici. Mon Dieu que c'est bon d'être entre de bonnes mains ! Je me sens comme une poupée de porcelaine prête à se briser... Marc qui adore les massages, commence à ne plus résister, je sais qu'il va bientôt suivre mon exemple. Quand j'ai terminé, je sens déjà les bienfaits de ce massage. J'arrive à un peu mieux me mouvoir. Ce matin, dans la piscine, je n'arrivais même pas à nager, c'est pour dire combien ce dernier voyage de cinq heures en bus inconfortables, ont été douloureuses ! 

Comme prévu, Marc passe entre les mains de notre bienfaitrice, Nyoman ! Quand il ferme les yeux, je sais que je l'ai perdu mais pour mieux le retrouver !  Il est au septième ciel et je le laisse entre ces mains d'expertes pour retrouver mes images, mes odeurs, mes sons, d'ici.

Et je retrouve tout... comme si jamais rien ou presque ne pouvait changer ici... du moins je l'espère !

Ganeshou semble me faire de petits signes, je ne manque pas de le remercier pour tout ce qu'il nous apporte aujourd'hui et me dit que s'il ne ne nous a pas épargné sur Java, c'est qu'il avait certainement ses raisons. Je sais, je sais, je commence à délirer mais c'est bon signe et vous le savez, pas vrai ?

L'Océan est toujours aussi bleu, toujours aussi mouvementé, les vagues en rouleaux font un boucan du diable... mais que c'est beau...

Quel plaisir de voir cette immense plage pourtant si fréquentée, propre, tellement propre ! C'est comme si nous étions passés de la nuit au jour après la plage de Cemara sur Java... Pourvu que les Javanais de là-bas comprennent vite l'importance de changer de comportements vis à vis de leurs cours d'eau, de leur Nature... Je le leur souhaite... elle est tellement belle !

Quand je retrouve Marc, c'est un autre homme ! Il a lui aussi lâché prise et se laisse enfin séduire par mon île.

On termine ce bel après-midi par une balade le long de cette plage sans fin à admirer chaque beau détail qui rythme nos pas... On se perd dans les jardins des hôtels de luxe qui se pavanent pied dans l'eau et dont la décoration, il faut bien l'avouer, fait rêver tout un chacun.

On arrive bientôt au Bali Sea Turtle Society, association de bénévoles qui se chargent de recueillir les œufs des tortues qui viennent pondre la nuit sur cette plage, leur berceau ancestral. Ils les regroupent dans une espèce de nurserie de sable et quotidiennement, lors des éclosions, ils organisent des lâchers de bébés tortues... Mais aujourd'hui, pas de chance... il n'y en a pas. Peut-être demain, aurons-nous la chance de participer à ce moment toujours très heureux...

Nous quittons la plage et empruntons la Jalan Kartika Plaza. Si de nouveaux bâtiments aux formes curieuses ont surgi de terre... Kuta reste égale à elle-même et n'a guère changé, le nombre de restaurants au mètre carré est toujours aussi impressionnant !

On se mange un petit bout au tarif en vigueur dans le Sud de Bali... c'est à dire toujours un peu plus cher, avec de nombreuses taxes dont on a plus l'habitude !  Et puis quand le soleil frappe moins fort, on retourne sur la plage, goûter à cette eau turbulente. Je dois bien l'avouer, me mettre en maillot sans avoir peur de soulever des questions de décence religieuse est un vrai plaisir !

Mais il est temps de rentrer. Ce soir, nous allons rencontrer Olivier. Un Français qui vit ici depuis un an et que j'ai rencontré via mon site. C'est lui, qui au départ devait nous louer deux scooters à notre arrivée sur Kuta. Mais quand j'ai vu les deux scooters de Ketut nous attendant déjà hier soir devant notre chambre, je n'ai pas eu le courage, devant les mauvaises nouvelles qu'il m'annonçait, lui dire que j'en avais déjà commandés. Olivier a très bien compris et nous avons hâte de nous rencontrer enfin après plusieurs communications facebook, qui ne sont pas la vraie vie !

On a rendez-vous du côté de Seminyak dans un Pasar que je ne connais pas. Il connait ma bouille, elle lui est familière, c'est vrai que je poste beaucoup de photos sur Face !  Il me reconnait donc très facilement et dès le premier contact, c'est comme si on s'était toujours connus ! Quand Facebook est bien utilisé, on fait très souvent de belles rencontres et celle-ci l'est encore, comme l'avait été celle avec Lydie et Chonchon, il y a deux ans.

Olivier est accompagné de deux amis Balinais très sympathiques et nous nous attablons dans un petit warung qui ne paye pas de mine mais dont les odeurs de cuisine chatouillent de trop bonnes façons nos narines !

On parle beaucoup, on parle longtemps, de sa vie sur Bali, de ses difficultés rencontrées et de ses réussites à force de persévérance. Marc et moi apprenons beaucoup de choses qu'on ne peut lire sur le web. Seuls les gens qui vivent dans un pays peuvent réellement en parler de façon concrète. Rien ne vaut les rencontres, le direct et les échanges ! Mon homme est ravi de parler enfin Français. Ce n'est pas facile pour lui d'évoluer constamment dans une langue qu'il ne maîtrise pas. Mais il fait d'énormes progrès ! Comme je lui dis presque tous les jours, "Tu vas revenir tri-lingue ! Anglais et Indonésien pour le même voyage !" 

Nous passons une excellente soirée, simple et conviviale et je vous parle même pas des petits plats qu'on a dégustés !  Poissons, calamars, riz, sauce qui déménage les papilles...  Bababaou ! Un repas de Roi que c'est rrrrien de le dire ! Merci Olivier, on s'est cassé le petit ventre ! 

On se quitte avec la certitude de se revoir à notre retour sur Kuta fin Août et on saute sur notre Chouchou pour regagner notre oustau. Y'a des journées qui sont trop belles !