Ce matin, même les rayons de Matahari n'ont pas réussi à me sortir de ma torpeur ! A 9h, je suis toujours dans un semi-coma dont je ne veux pas sortir... Mon Shaman d'hier m'avait prévenu que je me sentirais toute mouligasse et un peu décalquée... c'est rrrien de le dire !

'Faut dire aussi que hier soir... alors que la lune nous faisait sa toute belle... une curieuse cérémonie s'est invitée chez nous...

...

Une femme, puis deux, puis toute une flopée arrivent avec des offrandes sur la tête et se dirigent vers le temple personnel de Baba. Vous pensez bien que tous ici, nous suivons le mouvement. 

Baba m'explique qu'il a guéri un homme du village d'une très grave maladie et que ce soir, on vient le remercier et remercier les Dieux de lui avoir donner "pouvoir de guérison". C'est la première fois que j'assiste à une cérémonie de nuit à l’exception des cérémonies de transes et je ne manquerais ça pour rien au monde même si je suis épuisée de ma journée déjà bien mystique...

Les hommes arrivent en musique et déjà bien allumés par l'Arak qui circule en bouteilles. Ils s'assoient tous dans le sable au pied du temple tandis que la moitié des femmes, les prieuses suivent le prêtre tout en haut des marches et que l'autre moitié, les danseuses, se mettent à onduler sur le rythme d'une musique endiablée. Chacun et chacune ont porté une bougies et je n'ai jamais vu le temple aussi joli que ce soir...

Les mâles occidentaux et locaux se mélangent, jouent de la musique, boivent de grosses lampées d'Arak, l'ambiance est beaucoup plus décontractée qu'en plein jour ! Quant aux femmes, elles entrent en transe... mesurée. Pas de chutes spectaculaires, pas de démons qui s'expriment par leur bouche, tout est très jolie et tout en retenue... Baba est aux anges mais très modeste, il se cache presque mais c'est un peu difficile dans son bel habit blanc.

Puis la musique s'arrête et tout le monde disparaît... Je m'endors sur mon lit dehors, encore plus arakée que d'habitude... et j'ai le réveil qui ne se réveille pas... et le petit déjeuner qui n'en finit pas de somnoler et il est 10h30 quand j'arrive enfin à me secouer après au moins trois bons Kopi Bali. Je suis rassurée en voyant tous mes compatriotes d'hier soir dans le même état que moi sinon pire et m'en vais vroum vroumer, en chasse de belles images, de belles émotions.

Quand j'arrive au Sun Set Point View (toujours aussi enlaidi depuis qu'on y a construit une guinguette à cher et pas Balinaise pour deux sous), Pépère Agung a perdu son capuchon de nuages et me fait jolie figure. Je m'arrête pour l'admirer comme autrefois, avant la guinguette, me moquant éperdument des serveurs qui attendent que je consomme ! Un endroit aussi sublime appartient à tous surtout quand il a été partagé si longtemps par tous !

La baie est à l'abri des vents d'Août et les snorkeleurs sont déjà tout autour de mon temple sous l'eau... face au Sama-Sama.

Bien habillée, je rentre dans tous les grands hôtels de luxe car il faut bien l'avouer, c'est dans ces endroits que les chasseurs d'images trouvent des beautés bien cachées tout au fond de jardins où règnent toujours des musiques Zen à vous faire léviter sans méditation ! Si, si ! 

Les pancartes "Keep Bali Clean" me font toujours autant sourire... On ne les voit que dans les endroits à touristes qui sont en règle générale, très conscients de la pollution et assez eco-friendly... ce qui n'est pas le cas de la population qui continue à consommer des plastiques dont ils ne savent plus quoi faire après usage...

Après deux petites heures et 200 photos prises chez les uns et chez les autres, je m'arrête dans un nouveau café qui vient à peine d'ouvrir, juste à l'entrée d'Amed. Il est tenu par des jeunes très sympas qui sont tout contents que je sois leur première cliente.

Leur Kopi Bali est à tomber dans la mer et quand on le prend tout en haut de leur superbe terrasse, on a l'immense plaisir de contempler Agung de très près ! Trop beau !

Ils louent aussi des chambres à l'arrière mais quand ils m'annoncent 600 000 roupies en bord de mer pour une grande chambre mais une chambre lambda tout de même, je souris dans la barbe que je n'ai pas, parce que je me préfère mille fois ma cabane chez Baba à trois fois moins cher ! Amed devient folle avec le prix des chambres ! J'espère que Baba conservera toujours sa philosophie de vie ! 

Tout près de là, se trouvaient autrefois les fabricants de sel mais si j'en avais encore trouvé un il y a deux ans, faute est de constater qu'il n'y en a plus aucun. Les troncs d'arbres dans lesquels ils laissaient stagner l'eau de mer jusqu'à évaporation sont tous empilés les uns sur les autres à l'abandon et c'est bien dommage... Mais, comme me l'explique une mamet assise tout près, c'était trop de travail pour bien peu d'argent... A présent, se construisent des bungalows sur les terrains vides... et vu, les prix qu'on pratique ici sur les chambres à louer, c'est bien plus lucratif ! 

Je continue ma petite virée vers les pêcheurs à la nuit, sur leur radeau. Eux n'ont pas disparu même si c'est un travail également très aléatoire... mais jusqu'à quand !?... Amed se tourne de plus en plus vers le tourisme... J'espère qu'elle n'y perdra pas son âme avec...

Comme Pépère Agung est toujours aussi beau et découvert, je décide d'y grimper et quitte la route d'Amed. J'espère que sur ses flancs, une musique en furie m'annoncera quelques crémations mais Ganeshou n'est pas avec moi sur ce coup-là et si je me régale des paysages, je ne croise aucun taureaux de carton, noirs ou blancs...

En rebroussant chemin, des scooters me font signe de les suivre, je ne comprends pas pourquoi mais j'accélère et leur colle aux roues. J'arrive près d'un temple où trône belles décorations mais les hommes ici réunis m'expliquent qu'un combat de coqs va avoir lieu etvqu'ils n'ont pas très envie de voir une femme au milieu d'eux. No souçaï que je leur fais avec un grand sourire, nous aussi, on a nos histoires de femmes que je leur réplique, ce qui les fait éclater de rire.

Quand je comprends que Ganeshou ne me donnera rien à me mettre dans l'appareil, je me dis qu'il est temps de rentrer, de faire l'essence pour demain, de régler ma note chez Baba et de profiter de mes dernières heures dans mon petit paradis.

Et lorsque j'arrive à la réception, ma note est prête et je constate que Baba m'a encore arrangé sur le prix de la chambre sans que je lui demande rien. Je me l'aime cet homme mais je mettrai ce soir la différence dans la caisse des filles en cuisine et au service, elles le méritent de trop. 

Je termine mon après-midi à faire la planche sur l'eau au grand soleil jusqu'à ce qu'il décline et je prends ma dernière douche dans cette salle de bains que je voudrais bien ramener chez moi si seulement il faisait 28°C toute l'année ! 

Demain, je quitte Amed. Il me faut regagner le Sud pour être à Sanur le 24, date à laquelle mes collègues d'Ubud donnent concert. Je suis dans les temps malgré mes changements d'itinéraires et je sais pas trop comment j'ai fait, vu que je ne sais plus du tout quelle date et quelle jour on est... mais je sais que le retour à l'Occident approche à grands pas...