Quand il faut partir... il faut partir... Les Pépères sont ready, petit déjeuner et puis la route... On ne sait pas encore trop pour où mais on verra bien en montant sur la crête de Munduk si les nuages nous laissent en paix ou pas ! 

Les départs sont toujours difficiles... et je ne les aime pas du tout. On fait pourtant la dernière photo avec Madé, tous sourires sortis, se souhaitant le meilleur pour chacun...

Et c'est parti. On fait le plein, on sangle... et on quitte Munduk, direction les hauteurs. 

Et il semblerait que nous soyons chanceux ! Le beau temps d'hier se serait-il installé pour plusieurs jours !? On croise les doigts !

On passe les beaux champs d’hortensias destinés aux offrandes aux Dieux, qui doivent être bien heureux de ce spectacle, et on arrive toujours sous le soleil sur la crête où les lacs nous attendent, encore plus beaux que lors de notre première montée.

On décide donc de descendre jusqu'au Lac Buyan et de trouver une guesthouse où s'installer. Je rêve d'y passer la nuit depuis longtemps et de faire la randonnée autour du lac... mais la météo ne me l'a jamais permis ! Cette fois-ci, ça va le faire, que je me dis toute confiante.

Les touristes arrivent déjà, on les laisse à leurs balançoires et leurs selfies avec animaux de foire... Nous, on attaque la vertigineuse descente vers les lacs.

Mais à peine un kilomètre plus loin, toujours sur la crête, il faut que je m'arrête... J'ai froid... Les nuages gagnent du terrain mais le soleil chauffe toujours les lacs. Il faut vite descendre et espérer que les nuages se contenteront des hauteurs...

Arrivés en bas des lacs, on se rend directement à l'entrée du Parc mais il n'y a qu'un camping pas de guesthouse à l'horizon. On s'arrête boire un café, histoire de nous réchauffer un peu de cette descente dans le froid et l'humidité et on se fait la discute avec un local, chauffeur de son métier, surtout Marc car moi, j'ai déjà la tête dans Google Maps en train de chercher un lieu où dormir pas trop loin. J'écoute d'une oreille la conversation et comprends que notre monsieur veut absolument nous faire dormir à Bedugul. Pas nous, que je lui réponds. Il doit y avoir des commissions parce qu'il insiste lourdement. Je lève donc mon nez de mon téléphone et lui explique qu'on ne veut pas de Bedugul parce que je sais que c'est très cher, qu'on n'est pas des touristes mais des voyageurs ! 

Du coup, il connait soudainement une guesthouse pas très loin ! Et ben, voilà ! Y'a qu'à se faire comprendre et on y arrive ! Le voilà qui veut nous accompagner... il doit avoir sa commission ici aussi mais c'est pas grave, on joue le jeu même si Monsieur GPS a déjà trouvé l'endroit.

La guesthouse n'est effectivement pas loin de l'entrée du Parc et une charmante dame nous reçoit dans le jardin. Elle a trois chambres et elles sont à 350 000 roupies... Pas de discussion, rien qu'au ton qu'elle emploie même si le sourire est là. Avec Marc, on se regarde un peu... hésitants... Les nuages ont encore gagné du terrain, l'après-midi est foutu... ça sent la pluie et notre randonnée tombe à l'eau... Payé ce prix pour rester tout l'après-midi dans la chambre... qui n'a rien d'extraordinaire... ne nous tente pas. Et espérer que demain matin le temps vire au beau, ne nous tente pas non plus...

La dame, très aimable, ne se formalise pas de notre refus et nous indique même un hôtel à Bedugul qui serait plus dans nos prix. On prend l'adresse et on s'y rend, c'est à Bedugul. On s'éloigne un peu de notre parc mais pourquoi pas !?

Arrivés à Bedugul et à l'hôtel... on a comme qui dirait l'impression de se retrouver sur Java et devant notre fameux Foyer Sonacotra ! 

Zou ! C'est décidé, on descend vers le Sud et on s'installera là où le soleil sera.

Mais ici, le soleil semble se maintenir. Un hôtel sur le bord du lac nous tend les bras, il est très proche du temple d'Ulun Danau... Pourquoi pas y aller voir !? Je reste toujours très optimiste sur mon histoire de randonner au bord des lacs. Marc n'y croit pas trop... même pas du tout.

L'hôtelier a une dizaine de bungalows et ils sont tous vides. Je me dis que peut-être, il nous fera un prix si nous restons deux nuits... Je lui explique d'entrée que nous avons un petit budget et tout sourire, il nous mène visiter le premier. C'est très grand, très beau... mais les bungalows au lieu de donner sur le lac, donnent sur le bungalow d'en face... L'architecte a du boire un peu trop d'Arak en dessinant les plans... 

A l'annonce du prix, je me dis que l'hôtelier n'a pas du bien comprendre ce que c'est que d'être "on a budget" ! 750 000 roupies la nuit et je sais qu'il ne baissera pas d'un chouïa. On le remercie poliment et comme l'hôtel est proche du lac, on tire droit jusqu'à lui. Là, on constate que l'hôtel jouxte vraiment le temple. J'ai de suite l'idée de laisser nos Chouchous et nos sacs en stationnement sur le parking de l'hôtel même moyennant quelque chose s'il le faut. Le monsieur est très gentil, il acceptera très certainement que je me dis en me garant à nouveau devant la réception. L'homme est toujours là, tout sourire et je lui explique qu'on a l'intention de visiter le temple mais qu'avec nos sacs sur les scooters on a un peu peur de les laisser sans surveillance sur le parking public. Que ce serait gentil de sa part si on pouvait se garer chez lui, le temps d'une petite heure... Le sourire affiché jusque là, disparaît immédiatement et c'est un non, catégorique que je me reçois en plein sourire. Le changement de face est si incroyable que j'en reste sans voix. On dit merci de façon ironique et on quitte les lieux.

On tente tout de même une entrée au temple. Là, c'est un bordel innommable ! Des bus, des voitures, des scooters, des cabanes à pagare et un parking où tout le monde se rue. On s'arrête devant la cabane du parking où j'ai l'intention de demander si on peut y laisser nos sacs mais d'entrée l'homme me hurle dessus qu'il faut que j'aille me garer !

'Faut pas me hurler dessus, c'est un truc que je ne supporte pas ! Je lui réponds que si je reste là c'est que j'ai forcément un renseignement à lui demander mais il n'écoute rien et se met à hurler à nouveau sur une dame et son grand fils ! Bababaou ! C'est qui ce type qui se permet de hurler sur ce qui le fait vivre !? Sans visiteurs il est au chômage que je me pense, de plus en plus énervée. Quand enfin, il daigne me répondre à la question des sacs, c'est encore un Non, catégorique ! Et bé, allez tous vous faire foutre, vous, vos temples et votre business à la con que les Dieux doivent vomir ! Demi tour, on reste pas une seconde de plus dans cet endroit pire que les balançoires ! J'ai déjà vu le temple il y a 8 ans et il était d'une sérénité qui n'existe plus. Marc l'a déjà vu aussi. Qu'ils aillent tous se faire pendre à leurs balançoires ! Pas de regret, les nuages sont déjà sur nous, sur eux, qu'ils leur pourrissent bien la journée, nous on continue notre descente vers le Sud ! 

La route est bien plus large qu'il y a deux ans et je me remémore ma montée sous la pluie, 60 kilomètres terribles jusqu'à Munduk... Les temps ont beaucoup changé sur Bali... C'est toujours la réflexion qui tourne en boucle dans ma tête depuis plusieurs jours...

Plus on descend, plus la chaleur revient, les nuages sont derrière nous. On sort un peu de cette grande route pour retrouver les rizières et le calme.

C'est très beau mais très vite les chemins reviennent à cette grande route qu'on déteste, tant elle est fréquentée...

On cherche désespérément un panneau indiquant quelques guests mais on ne trouve rien... Alors on roule, on roule toujours plus vers le Sud... jusqu'à ce que je reconnaisse le début de la Forêt de Sangeh.

Nous sommes pratiquement arrivés à Ubud ! Déjà ! Ce n'était pas prévu du tout. On avait l'intention de se trouver un toit dans les rizières et d'arriver sur Ubud le 23, date à laquelle on a déjà réservé une jolie maison pour finir notre séjour dans ce coin. Zou ! 'Faut qu'on s'arrête et qu'on fasse le point.

On se branche sur Internet et on se dit que quitte à retourner sur Ubud pour deux nuits autant retourner dans notre maisonnette dans la jungle. Malheureusement, elle n'est pas libre... On passe alors 45 minutes à rechercher sur Airbnb un endroit aussi sympathique et on le trouve. C'est le Yuliati House Ubud. Les photos sont magnifiques et le prix est de 15€... Plus cher que notre petite maison mais c'est pas grave. On est content, on ne dormira pas dehors ce soir ! 

On programme Monsieur GPS avec l'adresse donnée après paiement et nous voilà partis. Dès le départ, ça commence mal. On ne trouve pas l'entrée, on passe, repasse, trépasse devant le point GPS mais pas de Yuliati House. Je reprends mes bonnes habitudes, la communication avec les locaux ! Ils nous indiquent enfin l'endroit. C'est un grand portail devant lequel on est de nombreuses fois passés mais il n'y a rien d'indiquer dessus. Étrange ! On se gare et je laisse Marc avec les scooters. Je passe devant des maisons balinaises occupées par des locaux qui me poussent toujours plus loin dans ce qui semble être une impasse. Là, je vois enfin l'inscription Yuliati House... Mais je comprends très vite en voyant les lieux qu'ils ne correspondent pas du tout mais alors pas du tout aux photos montrées sur le site Airbnb !

On dirait qu'on y fait un grand ménage ! Y'a du bordel de partout et un bâtiment est en construction... peut-être le futur bâtiment où seront les superbes chambres qu'on a visionnées pendant 45 minutes ! 

Après cette journée d'enfer, autant vous dire que j'ai pas besoin de beaucoup plus pour exploser en directe laïve ! Deux femmes qui ne parlent pas Anglais font les frais de ma boufaillisse. Une plus jeune arrive et ne sait me dire que "Je suis désolée" "Je suis désolée". Pas moyen de parler au propriétaire, il n'est pas là. Je montre alors les photos de la chambre que j'ai réservée, du beau jardin en contrebas (remplacé par le bâtiment en construction) et elle ne me montre que les trois horreurs disponibles, trois foyers Sonacotra, à nouveau ! Stop, on annule tout que je fais aux trois femmes apeurées devant mes yeux rouges et ma voix menaçante. 

Quand je retrouve Marc, il n'est pas trop surpris de mes révélations sur les lieux. Depuis le portail, on sait qu'on s'est fait eus... On envoie aussitôt un message à Airbnb puis au propriétaire. Notre annonce d'annulation ne le surprend même pas ! Il accepte d'annuler et de nous rembourser. On attend en se fumant une cigarette que l'affaire se fasse. 

On est crevé de 60 kilomètres de route, il est 16h et on n'a pas de toit pour les deux nuits qui viennent. Marc veut revenir sur Jalan Kajeng... Pourquoi pas !? Je suis écœurée et sans force... j'appréhende déjà toute la circulation de la Monkey Forest à remonter... Dès le remboursement du logement fait, on remonte sur nos Chouchous tout aussi épuisés que nous...

Et là, comme quoi le cerveau est extraordinaire, dans un dernier sursaut de forces, je me souviens de tous les raccourcis que j'ai pu emprunter dans cette ville lors de mes balades à pied. Je ne veux pas passer par la Monkey et je n'y passerai pas ! De ruelles, en rues, en passages, en détours, je nous mène vite et bien sur la Jalan Kajeng. Et il faut commencer le porte à porte... Ce jeu là, ce soir, ne m'enchante pas du tout. J'ai du mal à monter et descendre les marches des trois quatre premières guests... Rien ne me convient, ou trop cher ou trop pas bien... 

Et c'est Marc, qui a la brillante idée de revenir là où on avait été si heureux ! Si notre maisonnette n'est effectivement pas libre, celle du dessus l'est ! A 200 000 roupies, nous retrouvons notre jungle et notre calme... en plein centre ville. Le monsieur qui nous a gâté pendant nos trois premiers jours ici est très heureux de nous revoir et nous le sommes aussi beaucoup. On va enfin pouvoir se reposer ! La chambre sera nettoyée d'ici une heure, on part se boire quelque chose... On n'a rien bu, rien mangé depuis ce matin.

On fait le point sur cette journée... qu'on classe dans les pas terribles... et on décide de bien la terminer car trop c'est trop !

On prend possession de notre petite maison posée au-dessus de la jungle, on se douche longuement tant on est noir de poussière...

On s'admire l'embrasement du ciel...

... et on va se faire un petit repas fort sympathique accompagné d'un bon verre de vin blanc parce qu'il n'y a franchement pas de mal à se faire du bien !

Zou ! Demain est un autre jour... sur Ubud... qui n'était pas prévu du tout !