Les nuits à Munduk sont fraîches, même à deux ! Mais du coup, on a moins de problèmes pour se lever ! On ne traîne pas trop au lit. Quand j'ouvre les volets, je découvre un beau ciel bleu. Madame Météo ne s'est pas trompée. Le seul jour de beau temps prévu dans les hauteurs est annoncé pour aujourd'hui et on a bien fait de tenter deux nuits ici. 

Il est 7h et j'ai faim, c'est très bon signe ! Le petit déjeuner chez Madé est encore meilleur que dans mes souvenirs. Il y a deux ans, j'avais droit à la traditionnelle crêpe au miel suivi de fruits frais, aujourd'hui, il y a du café à volonté et le nouveau pain brioché avec beurre et confiture est une tuerie ! Trois tranches chacun, j'hérite de celles de Marc qui picore toujours au petit déjeuner ainsi que de ses fruits. Trop bon ! Je me fais l'effet d'une ogresse mais je ne lésine jamais sur le petit déjeuner. Quand je termine enfin après six tasses de café, je suis ronde comme une bonbonne mais je frétille comme un gardon.

Nous ne prenons qu'un seul scooter et montons vers la Crète. Le ciel est d'un bleu presque incroyable après tout le gris qu'il a fait pendant des semaines ! 

On se gare sur le parking de l'hôtel Mélanting et on s'engage sur le chemin de randonnée qu'on peut prendre un peu partout dans la montée de Munduk.

Ici aussi, le chemin n'est plus de terre mais bétonné. Les scooters défilent dans tous les sens, c'est moins calme qu'avant... mais toujours aussi beau avec le bruit de l'eau qui dévale de la Crète des lacs.

S'il y a deux ans on pouvait se perdre sur les chemins de cette montagne, ce n'est plus le cas aujourd'hui ! De nouveaux panneaux ont poussé à chaque intersection et de nouvelles cascades sont à présent indiquées. Toutes payantes bien entendu. 10 000 roupies, l'an dernier...

Quand on arrive à la première cabane à pagare... le prix est doublé ! Inflation, inflation quand tu nous tiens ! 

A ce rythme là, l'argent que nous avons mené avec nous ne suffira pas... Comme il y a un chemin qui monte, on le prend... On essaye de feinter un peu... Et au bout de quelques minutes, on peut admirer cette magnifique cascade... En bas, il n'y a personne... A force de monter les prix, à force d'en vouloir toujours plus... les lieux seraient-ils déserts !?

Il y a deux ans, de nombreuses personnes se baignaient ici... Mais à 20 000 roupies chaque cascade, on devient forcement sélectif surtout si on est plusieurs...

On poursuit notre descente au milieu de caféiers et girofliers ça sent très bon, mais les caféiers à l'odeur de jasmin ne sont pas tous en fleurs cette année...

Il faut croire que la météo est devenue totalement folle... Une saison des pluies qui a duré très longtemps a peut-être chamboulé la floraison... Le café est déjà en grains rouges presque partout et malheureusement pour nous, plus aucune odeur forte de jasmin ne vient caresser nos narines...

Sur les étals des échoppes qui bordent la randonnée, les gens exposent ce café, le nommant "café caca"... Kopi Luwak oblige ! Ce café que les civettes mangent et caguent et qui coûte si cher ! 

Il y en a de partout ici, beaucoup plus qu'avant. Les pauvres civettes sont emprisonnées dans des cages pas toujours très sympathiques... et le Kopi Luwak se trouve à peu près partout où le café pousse.

On poursuit notre descente de la vallée admirant le travail des hommes haut perchés dans les girofliers. Ils nous saluent souvent de leur perchoir et ça sent magnifiquement bon !

Leur échelle est en bambou et tout comme les marches Indonésiennes, les paliers sont démesurés quand on sait combien les Indonésiens sont petits !

La forêt n'est plus composée que de caféiers et de girofliers, le cacao semble totalement abandonné même s'il continue de pousser à profusion. Mais les gousses de cacao noircissent toutes sur les arbres... On ne comprend pas pourquoi mais cette année, c'est un constat.

Sur le chemin, je découvre une nouvelle cascade indiquée, celle de Gobleg. De jeunes Français en remontent et nous disent que la descente dans la gorge est vertigineuse et que ça ne vaut franchement pas le coup... Ils sont déçus et nous déconseillent de descendre, on ne se fait pas beaucoup prier pour éviter une encore descente aux enfers !

On continue notre balade se réservant pour la suite que je connais et qui est très belle. Les échoppes le long de la rando sont plus nombreuses qu'il y a deux ans et on y vend de tout et à tous les prix. 

Beaucoup d'épices en sachets, beaucoup de petits souvenirs mais comme d'habitude, je réserve mes achats pour la fin du voyage... Même si nous ne portons pas nos sacs, ils sont si malmenés sur les scooters que je ne veux pas prendre le risque de tout écraser avant le départ.

Le temps nous est toujours aussi clément et les nuages semblent même se localiser sur le bord de mer ! Incroyable mais vrai ! En plus, on ne sait pas si se sont les tremblements de terre ou la météo hasardeuse mais nous ne croisons guère de monde ici ! Et c'est tant mieux...

Pour les cultures, beaucoup de points d'eau ont été détournés. On passe d'une végétation luxuriante à la totale sécheresse d'un vallon à l'autre.

On traverse souvent des habitations... Comme beaucoup de chemins sont à présent bétonnés, peut-être que de nouvelles maisons ont vu le jour... Je ne me souviens pas avoir vu autant de gens habités dans cette forêt... Et qui dit habitations dit volailles et vaches, à notre plus grand plaisir.

Quand on arrive enfin à ma deuxième cascade connue, nous ne sommes pas du tout fatigués et il est encore tôt dans la matinée. Pour celle-ci, les prix n'ont pas changé, toujours 10 000 roupies pour les deux cascades en contrebas. On paye et on descend les vertigineuses marches qui sont en piteux états... On se pose même la question si les tremblements de terres successifs n'y seraient pas pour quelque chose... Difficile à dire...

Le bruit est toujours aussi impressionnant et la chute toujours aussi majestueuse. Malheureusement pour Marc il est difficile de s'y baigner mais ça n'enlève en rien la beauté des lieux et on y reste longtemps pour la savourer.

Ici pas de balançoire... rien que nous ou presque, l'eau et le silence... Trop beau !

On croise beaucoup de gens qui remontent... nous ne faisons que descendre et c'est un plaisir ! On a déjà repéré sur Monsieur GPS qu'il est peut-être possible de descendre ainsi jusqu'à hauteur de chez Madé... de prendre notre deuxième scooter et de remonter avec, chercher le premier ! On devient de grosses feignasses ! Mais après Ijen... on va dire qu'on est excusé ! 

Et comme dit Marc, Monsieur GPS ne se trompe jamais ! Nous arrivons exactement devant chez Madé. La remontée vers Chouchou d'Amour numéro 1 avec numéro 2 est totalement jouissif et nous gagnons ainsi deux heures de temps !

On décide alors de continuer notre exploration de la montagne d'hier mais cette fois-ci en scooter. Le temps reste stable, il faut en profiter ! Marco nous a donné hier soir l'adresse GPS d'une cascade secrète et on est bien décidé à la trouver.

Mais malheureusement, nous tombons en panne de batterie... Adieu la cascade à Marco mais bonjour les nouvelles perditions comme on les aime ! 

Sur des chemins où les voitures ne peuvent pas passer nous nous égarons volontairement et tombons sur de nombreuses cheminées qui attirent notre attention. 

On s'arrête et on découvre que par ici on ne fait pas que récolter les clous de girofle ! On ramasse aussi les feuilles que l'on distille allègrement ! L'odeur des clous est alors décuplée. On n'a pas trop bien compris les explications d'un monsieur qui nous fait visiter sa petite affaire mais de ces feuilles ils en sortent de l'huile qui a des vertus thérapeutiques... Mélangée à de l'huile de coco, ça soignerait... on n'a pas compris ! C'est bien dommage car si ça pouvait soigner mon bras... j'en aurais pris un flacon !

De petits chemins en petits chemins, on découvre de jolies rizières en terrasses et on s'y arrête car une pancarte totalement improbable en ces lieux perdus, nous annonce un coffee shop !

De nombreux bananiers jalonnent le chemin et Marc y trouve son goûter, cette fois-ci, totalement mûr.

L'endroit est vraiment sublime et c'est là qu'on aime à se perdre !

Le coffee shop n'est en fait que le toit d'une maison où les habitants vendent quelques boissons fraîches ou chaudes. On s'y attable en regardant le jour s'évanouir... et les nuages gagner du terrain...

Il est temps de retrouver notre chemin et de regagner Munduk... en essayant de ne plus se perdre ! On dit au revoir à nos gentils hôtes et à leur petit chien qui a adopté Marc et on reprend la route, au pif, qui marche toujours très bien, même sans batterie ! 

Quand on marche ainsi au pifomètre... on a parfois des surprises... mais elles ne sont jamais insurmontables ! 

L'aventure c'est l'aventure ! Et, il faut bien l'avouer... on adore ça ! 

De retour à Munduk, Mata Hari se couche doucement dans la mer...

et nos popotins sont en compote !

Petit dîner chez Madé que je termine par un délicieux Dadar Gulung... cette crêpes verte colorée au Pandan fourrée au sucre de palme et à la noix de coco râpée... Un délice ! Et puis, dodo... car demain, on ne sait pas trop où on va... Lacs ou pas Lacs !? Bonne ou mauvaise météo !? Là, est la question... mais on verra ça demain... qui est un autre jour.