Aujourd'hui, j'ai presque fait une grasse matinée ! 'Faut dire que sur ce lit si dur... où j'ai bien du mal à m'endormir depuis trois nuits, je commence à m'épuiser... On décide alors de se la jouer cool... peut-être parce que nous ne nous faisons plus trop d'illusions sur ce que la région de Malang a à nous offrir... 

Il est clair que les vidéos et les suggestions des voyageurs dans ce coin-ci de Java sont idéalisées, surestimées et souvent... mensongères !? Oui, on en est à présent convaincu. Le programme du jour est d'aller visiter un superbe jardin Botanique peu après la ville de Lawang. Comme mon Homme est un fada des orchidées, j'avais noté ce lieu pour lui, car les orchidées y étaient montrées en abondance... Et lors de mes recherches sur Google Maps, j'avais repéré une superbe cascade non loin du jardin. Une belle journée en perspective... Mais il faut bien l'avouer, on traîne beaucoup devant le petit déjeuner, sans trop plus croire en l'agréable, en ces contrées... Je vous dis pas comme la confiture achetée à Carrefour hier est appréciée ! Même sans beurre, on se régale de nos toasts tout chauds... C'est vers 9h qu'on monte enfin sur Chouchou, bien préparés à affronter la grande circulation habituelle et peut-être une énième désillusion. 

On trouve facilement le Jardin botanique, ça se dit "Kebun Raya" en Indonésien (Merci Monsieur GPS), il a l'air immense et l'entrée est fort jolie. Le prix n'est vraiment pas excessif, 32 000 roupies (un peu moins d'un euro chacun), on paye et on gare notre Chouchou face à la grande allée qui traverse le Parc. 

Le temps est mi-figue mi-raisin, très chaud, très humide et très couvert. Sous un ciel bleu cette entrée monumentale aurait été bien plus resplendissante. On est content, tout à l'air propre et ressemble aux vidéos que j'avais visionnées cet hiver. On s'engage dans l'allée principale afin de voir le plan qu'on ne nous distribue pas à l'entrée.

Le parc est effectivement immense. On décide de commencer par la partie de gauche afin d'y voir les cactées qu'on adore. Un petit pont nous y conduit, c'est très charmant, très bucolique... Mon Dieu ! Aurions-nous enfin trouvé notre havre de paix, beau, vert et propre !?

Les premiers bassins sont parsemés de lotus, les oiseaux chantent, on se repose enfin de tout ce bruit qu'on a encore emmagasiné pour arriver ici sous un ciel qui devient presque bleu !

Les cactées sont assez belles mais mon œil est attiré par tout autre chose. Sur le prospectus délivré à l'entrée, j'avais lu que les photos de mariage étaient possibles dans le parc et nous avons de la chance, de nouveaux mariés sont en train de poser devant tout plein de photographes ! Une de plus, ne dérangera pas, que je me dis en les abordant. Ils sont tous très contents de voir les Winners de la Coupe du Monde et ils m'autorisent à me joindre à eux. La mariée est très belle mais on sent qu'elle est très fatiguée. Elle est surement là, depuis des heures ! J'ose à peine imaginer ce qu'elle doit subir avec cette chaleur sous toutes ces couches de vêtements...

Dès mes premières photos, je remarque quelques détritus autour de la mariée qui gâchent un peu les photos... mais je ne suis qu'une invitée, je ne vais pas entrer dans le champs pour les enlever... Ces détails n'ont l'air de déranger personne...  

Mon petit lot de photos terminé, je serre à la main à tous et souhaite tout le bonheur du monde à ce jeune couple qui s'engage sur le chemin de la vie à deux. 

Nous reprenons notre charmante promenade au milieu d'une belle forêt où trônent de magnifiques vieux arbres. Ce jardin date de la colonisation et appartient aujourd'hui au Gouvernement. De nombreux ouvriers font la sieste un peu partout. On rigole car ici comme ailleurs, dans les administrations... c'est pas le travail qui tue ! 

Puis nous passons dans une bambouseraie, une bananeraie... tout est calme et silencieux. Nous sommes les seuls visiteurs et on ne s'en plaint pas ! Catherine avait raison, après le retour à l'école des minots, tout allait devenir plus paisible pour nous.

Les fleurs de frangipaniers embaument, quel plaisir de se perdre ici ! 

Et quand l'appel à la prière se fait entendre (ici, il y a des mosquées partout), c'est un réel enchantement. On dirait que le chant mélodieux qui s'élève accompagne nos pas...

Au bout de deux heures, tranquillou tranquillette, on a presque terminé la visite... Mais où sont donc ces fameuses orchidées !? Tout comme on se demande pourquoi dans ce lieu merveilleux, nous ne croisons aucune faune ! C'est l'endroit idéal pour des singes, des cerfs, des daims, des écureuils... mais c'est la pénurie totale ! Comme si dans ce coin de Java, la faune s'était carapatée... on ne sait où !

Quand on arrive à notre point de départ, on demande à quelqu'un du personnel où se trouvent les serres et les orchidées. On est tout de même venu pour les voir et on est tout de même dans un Jardin Botanique et nous n'avons guère vu de fleurs... J'ai beau dire le mot "Orchidée" en Anglais et en Indonésien, la dame me regarde avec un air incompréhensible ! Heureusement sur les panneaux d'entrée figurent des orchidées, je les lui montre donc, n'ayant plus de mots pour exprimer notre demande ! On sent, sans se le dire, qu'encore une fois... nous allons être déçus ! On nous envoie à Payolle, de l'autre côté du Parc, une partie que nous avions zappée tant elle était éloignée et n'indiquait aucune serre. Le chemin à prendre est beaucoup moins entretenu et les détritus sont beaucoup plus nombreux... C'était trop beau pour être parfait qu'on se dit en en ramassant quelques uns qu'on met dans notre sac à dos...

Sortis de la forêt un bassin et une vieille maison blanche nous accueillent. Ce sont les anciennes serres de style colonial.

Mais à l'intérieur, elles sont sont totalement à l'abandon... Il y a pourtant six ouvriers à l'intérieur, en train de dormir ou de manger... Ce qui a du être une merveille n'est plus que désolation... Pas une orchidée n'est en fleur, c'est un foutoir pas possible en cet endroit.

Que je suis déçue pour mon Homme ! Et que je suis encore énervée devant tant de mensonges visuels ! Je me souviens des images qui m'avaient fait rêver pendant la préparation de ce voyage... Dans cette serre, le rêve est un véritable cauchemar pour ces pauvres orchidées mortes d'un manque d’intérêt... Heureusement, Marc est moins consterné que moi. Je crois qu'il en a pris son parti. Pour lui, ce coin de Java n'est pas une destination où aller et il faut s'empresser de le quitter. Je connais l'Indonésie et ses merveilles et ça me peine qu'il puisse penser qu'elle se résume à ce triste tableau que nous avons devant les yeux bien trop souvent.

On quitte les lieux en essayant de rire un peu de cette encore déconvenue et on se dirige sans trop y croire vers la cascade que j'annonçais si belle, il y a quelques mois... Mais quand on arrive devant la grille, nous trouvons porte close. Décidément, nous n'avons pas de chance aujourd'hui ! Un paysan dans une rizière proche nous informe qu'elle n'est ouverte au public que le week-end et nous ne sommes pas le week-end ! Devant nos mines déconfites, il affiche un petit regard coquin et nous montre un chemin secret qui nous y mène. On le remercie et on lui demande s'il peut garder notre scooter pendant notre promenade ce qu'il accepte volontiers. On se dit qu'on lui laissera un peu d'argent au retour en guise de remerciement pour sa gentillesse.

On ne marche pas bien longtemps qu'on entend déjà le son tonitruant d'une chute qui doit être gigantesque. On l'aperçoit presque aussitôt. Je la trouve magnifique, Marc est beaucoup plus mitigé... Selon lui, l'eau est sale, il le voit d'ici...

Je reste optimiste et croise les doigts pour qu'il se trompe. Il n'y a personne, la cascade est fermée au public, se baigner seuls au monde dans une cascade rattraperait notre déception orchidéenne !   La descente vers la chute est aménagé de petits ponts, les roches sont superbes mais ici comme ailleurs dans le coin, pas l'ombre d'un animal dans cette jungle luxuriante... presque pas d'oiseaux, seuls quelques papillons...

Plus on descend plus le bruit est fort et plus tout nous semble... sombre... presque inquiétant et ça n'a rien à voir avec le temps toujours aussi mi-figue mi-raisin...

On longe la rivière, on s'approche du trou béant où se jette la cascade et là, nous découvrons une énième désolation...

Tout est mort ici... La Nature et les animaux sont tellement mis à mal que l'une a perdu de sa magie et les autres se sont enfuis... C'est à pleurer ! Je ne comprends pas qu'on puisse détruire ainsi sa maison "Terre", détruire son environnement. Comment peut-on en arriver là... ? Comment peut-on ainsi se suicider !?

Notre envie de baignade a totalement disparu et plus nous avançons vers ce qui a du être une pure merveille, nous sommes de plus en plus, consternés. Et encore plus, en découvrant un pêcheur au milieu de ce spectacle déprimant...

J'aurais pu, comme beaucoup de touristes le font, zapper ces photos, ces informations, enjoliver et sublimer notre voyage... mais je ne suis pas de ce genre. Je décris toujours ce que je vois, ce que je ressens, avec sincérité et vérité. Je sais que je ne vais pas vous faire rêver avec cet article mais le voyage c'est aussi la déconvenue, les mauvaises surprises, les déceptions... et là, elles sont de taille mais elles sont pourtant réelles et il est important pour les voyageurs qui voudraient s'aventurer dans cette région de Java, de dire la vérité. Comme je dis si bien, l'explorateur essuie souvent les plâtres... on peut dire que depuis le début de ce voyage, nous essuyons beaucoup, beaucoup trop ! 

Autant vous dire que nous remontons de cette cascade poubelle dans un silence lourd. Mais, comme si la nature voulait nous envoyer un signe d'espoir et de joie, un bruit d'ailes nous fait lever les yeux.

Ce sont des chauve-souris géantes ! On ne sait pas pourquoi elles surgissent soudain mais c'est trop beau de les voir tournoyer au-dessus de nos têtes...

Remontés de cette longue descente aux enfers, on s’assoit pour les admirer encore un peu. On discute, en se fumant une cigarette, de cette Indonésie que je ne reconnais pas... Comment des gens normalement constitués peuvent-ils payer pour voir un tel dépotoir !? Car la cascade est payante et donc des gens viennent ! C'est incroyable, non !? Je sais que le plastique est  un fléau par ici comme chez nous d'ailleurs. Mais depuis 18 jours que nous sillonnons l'Est de Java, nous avons noté combien les gens étaient peu concernés par leurs déchets. Il y a des poubelles partout mais ils jettent tout et n'importe où sans le moindre état d'âme. En campagne comme en ville. Et les cours d'eau sont leurs poubelles préférées... Quand on sait que tout se déverse à la mer... c'est à faire peur !

Je n'ai jamais vu autant de désinvolture face à ce problème sur les iles de Sumatra, de Sulawesi, de Lombok, de Lembogan, de Ceningan, des Gillis ou de Flores,... Je n'ai jamais vu ça en Malaisie, en Thaïlande et même au Sri Lanka ! Mais que se passe-t-il ici !? J'ai honte de présenter ça à mon homme qui découvre l'Indonésie. Il a beau me consoler... je suis triste de ce constat désolant.

En rentrant sur Malang, on s'arrête autour de la gare afin de boire quelque chose de frais tant notre gorge est sèche après des kilomètres de circulation infernale. On s'arrête à un petit warung de rue et on se fait très vite alpaguer par le patron. Il veut absolument une photo avec les Vainqueurs de la Coupe du monde. ça nous fait beaucoup rire.

Il ne parle pas un mot d'Anglais et nous fait la causette en Indonésien d'une façon assez burlesque. Il s'invite à notre table, boit un verre de lait en bouteille avec nous et la bouteille terminée, il la jette dans le caniveau qui dégorge déjà de détritus multiples et variés. On est tellement surpris par ce geste, qu'ensemble et d'une même voix, nous lui crions, TIDAK (Non) ! Il en perd son sourire, ne comprend pas nos yeux froncés et notre colère. Mais comment expliquer avec ou sans la langue que cette façon de vivre, les mènera à un point de non retour ?

Boudie que c'est dur de voir tant de non-sens... Vous me connaissez quand j'ai le moral dans les chaussettes, il faut que je me le remonte d'une façon ou d'une autre ! Et en général, c'est par la boisson et par le manger ! Après l'apéro plus que nécessaire, on se rend dans notre cantine officielle, le warung Agung. Une très bonne adresse que je conseille à tous. On y mange d'excellents Martabaks et autres plats très copieux, très bons et peu chers ! 

On s'y régale de nos plats respectifs et on se rentre tôt à notre Splendide hôtel décrépi car demain nous partons rencontrer BROMO, le volcan dont je rêve depuis tant d'années. Je croise les doigts pour que la déception ne soit pas encore au Rendez-Vous !