Après cette nuit de transe collective encore bien arrosée d'Arak façon Taruna, je passe une nuit de rêve bercée par le bruit de cette devenue obligée, machine à Air Conditionné ! Plus ça va, plus les guesthouses s'équipent de ces engins qui font un boucan du diable, polluent l'atmosphère et surtout augmentent le prix des chambres ! Mais, cette fois-ci, j'ai pas trop eu le temps de m'énerver avec... l'Arak est un somnifère du tonnerre des Dieux !

Petit déjeuner dégusté sous un encore soleil de rêve, je suis fin prête pour ma matinée de snorkeling à Menjangan. J'ai le souvenir merveilleux de cette île qui termine sa course en une barrière plongeante de corail magnifique, le souvenir d'abysses qui n'en finissent pas de sombrer en rayons bleus lumineux... J'espère retrouver la même émotion qu'il y a six ans...

Quand la shuttle arrive avec 40 minutes de retard, façon indonésienne, on prend enfin la route pour s'arrêter dans un Dive Center où trône mon Ganeshou. Je me dis que la journée s'annonce sous de belles auspices...

Je retrouve quelques Français snorkelers aussi qui s'équipent ici d'un matériel que je préfère me transporter pour des raisons d'hygiène et des Allemands Divers. Je comprends qu'ils vont faire partie de notre équipage et ça, c'est jamais bon pour les snorkelers ! Quand on nous mélange, ce sont toujours les Divers qui sont prioritaires puisqu'ils payent beaucoup plus cher que nous leur excursion !

L'embarquement se fait presque à côté de White Sand Beach mais ce matin le Volcan Ijen sur Java est tout couvert de nuages... Qué misère de pas avoir pris mon appareil hier matin où il était resplendissant et si imposant de majesté... 'Faudra que je revienne, comme dit Taruna à longueur de temps !

L'eau est sublime et la mer si calme que je trépigne d'impatience à l'idée de sauter dans les eaux bleues de Menjangan.

La traversée se déroule en trente petites minutes et l'ambiance à bord est d'une morosité déconcertante ! Je ne comprendrai jamais ces touristes qui semblent blasés de tout et qui tirent la gueule comme ils le font chez eux... Quand on arrive aux abords de l'île dans un silence de mort, c'est moi qui deviens morose... Le nombre de bateaux est incalculable ! Comment ce minuscule petit îlot peut-il supporter autant de moteurs, autant de snorkelers, autant de divers !?

Je plonge au même endroit qu'il y a six ans, là où pour la première fois de ma vie, j'ai eu le vertige des abysses, totalement paniquée devant tant de profondeur visible à perte de fond... Cette fois-ci... pas de vertige... je ne vois d'ailleurs pas plus loin que 15 mètres... au-delà, tout est trouble... Aucune chance de voir de petits requins ou même des tortues voler... Je décide de longer la barrière de corail en m'éloignant des bateaux... mais c'est partout pareil et le corail est mal en point là où la barrière plonge. Les poissons ne sont presque plus au rendez-vous et quand je m'engage sur le plateau qui court jusqu'à la plage, je suis effarée de n'y voir que désastre de coraux cassés ou morts...

Au bout d'une heure de déceptions, notre accompagnateur nous fait signe de nous regrouper sur la plage. Disciplinés, nous sortons tous de l'eau et en rang d'oignons, attendons... Au bout de dix minutes, sans serviette, sans nos sacs puisqu'ils sont sur le bateau parti avec les Divers, je me demande bien pourquoi on nous a demandé de sortir de l'eau ! Mes collègues attendent, dociles et disciplinés. Moi, ça m'énerve ! Je vais voir le fameux accompagnateur et lui demande pourquoi on attend comme des glands au soleil !? Il me répond que le capitaine ne veut pas rentrer puisqu'il attend les Divers qui ne veulent pas remonter ! Et voui ! C'était à prévoir, je le savais ! Priorité aux Divers ! 

Si tout le monde reste bien groupir sur la plage, moi je repars dans l'eau, quitte à attendre autant le faire agréablement ! Une heure plus tard, les collègues sur le sable sont devenus rouges écarlates, muets comme des muges et le bateau arrive enfin ! Dégun l'ouvre, c'est stupéfiant ! Moi, je peux pas m'empêcher de passer un savon aux Divers et au capitaine qui nous prennent vraiment pour des cons ! Et quand j'apprends, qu'avec cette perte de temps, on va piter  sur le bateau plutôt que sur la plage, là, je les traite tous de cougnafiers ! Aujourd'hui, c'est Independance Day pour toute l'Indonésie (mais dégun le sait sur ce bateau, bien entendu !) et dans le temple de l'île a lieu une grande cérémonie. Je comptais m'éclipser pendant le déjeuner sur la plage afin de prendre quelques photos mais avec tout ce retard, c'est oualou ! Quelle déception, enfin... surtout pour moi parce que tous les autres, j'ai l'impression qu'ils ne savent même pas qu'ils sont à Bali, au pays des Dieux, des temples, des processions et de ses mystères ! Plus ça va, moins je vais prendre ce genre d'excursions. Mes compatriotes, Français ou Occidentaux me sortent des yeux ! Ils voyagent pour voyager, pour dire qu'ils ont fait un pays, comme si un pays pouvait... "se faire" !

Je touche même pas à mon nasi goreng, il est immangeable ! Là aussi, on nous prend pour des cons ! Pieds dans l'eau, je vois passer la fin de la procession avec frustration... mais on s'en va rapidement ('faut bien rattraper le temps perdu) vers le deuxième spot.

Voyant ma déception et surtout comprenant que je ne fais pas partie de ces gens qui voyagent en hôtels club, notre accompagnateur vient me faire de plates excuses et ne sait plus quoi faire pour essayer de rattraper le coup. Il m'accompagne dans ma rando, s'arrête pour me montrer un poisson et puis un autre....  La barrière semble ici en meilleur état mais le plateau est dans le même état de désolation...

Et quand je vois mes collègues de bateau marcher ou écraser de leurs palmes les coraux, je suis révoltée... La boufaillisse me monte d'une force que c'est rrrien de le dire et je peux pas m'empêcher de m'engatser avec tous ces cons !

Remontée sur le bateau, j'explique à mon collègue que les Divers c'est bien et ils en ont pour leur argent puisque les abysses sont encore préservées mais les snorkelers sont eux, plus nombreux ! Quand les randonneurs palmés n'auront plus rien à voir sur Menjangan, Pemuteran redeviendra le petit village de pêcheurs ou de paysans, sur la route qui mène à Java ! Adieu la manne des touristes, Adieu le dynamisme économique ! Tous ces hôtels qui se construisent ici sont sur la base de ce site qui n'est selon moi plus protégé du tout ! Ils sont en train de tuer la poule aux œufs d'or... et je ne suis même pas sûre qu'ils s'en rendent compte...

Rentrée au Pande, je prends vite une douche car avec tout ce retard pris, j'ai raté tout le début d'Independance Day chez Taruna... J'aurais mieux fait de rester sur mon éblouissant souvenir de Menjangan que je me dis en me rendant chez lui où déjà les scooters et les enfants sont réunis sur le parking qui sert aussi d'école.

Taruna, son épouse et tout le personnel sont en train d'organiser des jeux et les rires fusent de partout, l'ambiance bat son plein. Quel contraste entre ici et mon radeau de la méduse, aux gueules fendues de morosité !!!

Ici pas de grands mats sur lesquels monter et attraper de petits cadeaux comme à Ubud. Taruna organise totalement la fête, d'ailleurs il a même fait faire des tee-shirts au nom de sa guest ! Professionnel jusqu'au bout, il perd pas le Ch'Nord !

Jeux pour enfants, jeux pour adultes (personnel et clients), cadeaux pour les uns, cadeaux pour les autres. Chacun son tour, nous participons à ces jeux tout simples comme des minots dans une bonne humeur collective et une joie partagée d'être ensemble. Les règles sont parfois compliquées et les enfants sont très attentifs, l'esprit de compétition règne toujours en Indonésie !

Pastèques recouvertes de chocolat, course à la cuillère, mangeaille de gâteaux suspendus mains attachées dans le dos, course en sac version Formule 1 ou course bouteille sur la tête... Taruna est très inventif !

Et il ne peut contenir sa joie et se laisse même aller à prendre quelques photos compromettantes !  

Ce jeu, je ne l'ai pas fait, il fallait commencer par enfiler un fil dans un trou d'aiguille et j'ai pas emporté mes lounettes de près !! Mais j'ai participé à tous les autres, la vérité !!  

Petits et grands, nous sommes tous en mode Rire sans interruption ! Taruna est un vrai magicien ! Avec pas grand chose, il réussit à donner du bonheur à tous et il me fait totalement oublier mes déceptions et colères du matin... Je suis certaine que mes collègues d'embarcation ne doivent pas rire autant que nous ici dans leurs grands hôtels ... et c'est bien dommage pour eux car le voyage devrait toujours être la rencontre avec l'autre et pas l'isolation dans la foule de ces pairs.

Mais après les rires, place aux émotions ! Indépendance Day se termine toujours en musique avec l'hymne national que tout le monde chante, même moi ! Les enfants se rangent en ordre militaire comme ils le font à l'école, un garde à vous naturel devant la fierté d'être Indonésien. ça peut sembler étrange pour nous, qui avons, selon moi, perdu toute fierté nationale... sauf quand ils nous arrivent une tuile, mais ici, c'est très naturel et très sincère.

Taruna a acheté un cadeau pour chaque enfant et c'est la grande distribution qui commence dans un cérémonial à l'Indonésienne, encore !  Y'a même la coupe pour le grand finaliste ! Rien ne manque à cette superbe après-midi. Les minots sont ravis et l'émotion est grande pour tous.

On termine par la grande photo de la grande classe d'Anglais de Taruna...  On a tous les mandibules qui font mal à force de nos rires...  mais vous le savez !!!!  LE RIRE c'est trop BON !

Si la matinée n'a pas été la hauteur de mes souvenirs... cet après-midi restera longtemps dans ma mémoire. Merci Taruna !