6h30 debout ! Petit déjeuner pris, on quitte notre jolie guest pour nous placer dans la rue principale dans l'attente de notre taxi, commandé la veille par notre proprio. Marc est un peu inquiet, 'faut dire que par ici les gens sont un brin de trop nonchalant et nous doutons toujours des choses qui nous semblent acquises et évidentes, en l’occurrence l'appel au taxi. 

Y'a rrrien à faire, j'ai un homme galant qui me laisse rarement porter mon gros pépère... Autant vous dire que ça me change la vie ! Je me l'aime fort cet homme 

Et puis commence l'attente... qui permet d'observer autour de soi... Derrière nous, un homme dort dans la rue autour d'un vélo qui semble être sa maison. Deux ans ont passé depuis ma dernière visite à Java... Je n'ai jamais remarqué autant de pauvreté que cette année. Je n'avais jamais vu un Indonésien faire la manche sur le trottoir et pourtant sur Jogyakarta c'est à présent le cas... et je vois qu'ici, ce n'est pas mieux...

Déjà 15 minutes que nous attendons... l'angoisse commence à monter. Et si on ratait notre train !? On est prêt à faire appel à une application téléphone, nommée GO-JEK qui fonctionne très bien ici parait-il et qui permet d'avoir un taxi moto ou une voiture taxi très rapidement (c'est le même système que Uber). Mais nous n'avons pas à le faire, notre taxi arrive enfin. C'est bon, on a prévu large, on ne devrait pas être en retard. On ne doit pas rater ce train, il est ensuite plein pendant trois jours ! On n'arrive pas à comprendre pourquoi... peut-être à cause des vacances des enfants Javanais qui se terminent le week-end prochain.

On lance un dernier un regard affectueux vers notre jolie guest... en se demandant si notre recherche d'un hébergement sera aussi satisfaisante sur Malang qu'ici... C'est pas gagné et on le sait.

Mon homme commence à comprendre que cette recherche est la plus difficile du voyage. Quand un voyageur dort bien, pas forcément dans le luxe mais dans un cadre sécurisant et propre ... le voyage se passe toujours bien ! Croisons les doigts que nous n'ayons pas à chercher encore pendant des heures, l'endroit parfait et pas trop cher où poser nos Pépères.

Notre taxi est un taxi bleu, pas de souci, le tarif s'affiche au compteur et nous payons bien moins cher qu'un Bechak.

Arrivé à la gare, nous sommes dans les temps, présents une heure avant le départ du train comme on nous l'a demandé. On ne sait pas trop pourquoi mais il doit bien y avoir une raison. On a déjà acheté de quoi piter dans le train, des galettes et des fruits, nous reste plus qu'à prendre des bouteilles d'eau car on le sait, dans les trains c'est toujours plus cher que sur le quai ! Avec nos billets en poche, on passe rapidement le contrôle d'identité, comme dans un aéroport et on attend ce fameux train Ekspress ! On ne sait pas trop à quoi s'attendre, on prie les Dieux d'avoir un peu de confort dans cette Première Classe payée un peu plus chère ! Six heures de train mal assis, nos pauvres vieux dos, n'y résisteront pas !

Pendant cette petite heure d'attente, j'ai bien le temps de faire de beaux portraits que je vous montrerais à mon retour et Marc a bien le temps d'observer le fonctionnement d'une gare indonésienne. En fait, on nous demande de venir une heure à l'avance car les quais sont tellement étroits qu'ils ne pourraient contenir plusieurs départs. On ne fait entrer dans la gare que les passagers d'un seul train à la fois. Tout s'explique ! 

Quand on réalise la distance entre Surakarta et Malang... on comprend avec tristesse que notre train express ne le sera pas du tout !!!

331 Kilomètres en 6 heures ! On va ramer tout du long... et on va s'arrêter à chaque gare qu'on se dit en pénétrant enfin dans nos wagons respectifs. Je suis dans le wagon n°1 et Marc dans le wagon n°2. Heureusement on peut passer de l'un à l'autre sans problème et on commence à demander chacun de notre côté si un de nos voisins ne voudrait pas changer de wagon pour que nous voyagions ensemble. Du côté de Marc c'est râpé mais Ganesh est avec moi. Une jeune fille charmante qui parle très bien l'anglais et qui comprend notre situation accepte de changer de siège. On lui porte ses affaires ce qui nous semble la moindre des choses et nous nous installons enfin côte à côte dans ce train Express.

On est soulagé, c'est très confortable. Des sièges inclinables, beaucoup de place pour les jambes, des oreillers, des couvertures à louer 10 000 roupies pièce car la climatisation est forte et surtout des prises électriques ! Je vais pouvoir vous écrire une bafouille pendant ces six longues heures ! Avec mon téléphone et mon forfait 4G inépuisable, je n'ai jamais été aussi bien connectée en Indonésie !  Un service de boissons et de plats chauds passe régulièrement dans les wagons. 

Comme on s'en doutait le train s'arrête pratiquement à toutes les gares, pire encore, on attend de longues minutes à chaque fois que notre train en croise un autre ! Mais l’avantage, c'est qu'à chaque arrêt, on peut descendre, fumer au grand air et observer le fonctionnement de ces train d'un autre monde ! C'est folklorique mais sympathique ! Les gens sont tous charmants et le voyage est finalement très agréable.

Pendant les cinq premières heures nous ne traversons qu'une grande plaine agricole. Beaucoup de canne à sucre et de légumes divers et variés. Les paysages ne sont pas passionnants... On s'ennuie beaucoup, mon homme préfère dormir et moi, j'en profite pour travailler.

Puis, on attaque la montagne et quelques tunnels. Les stations traversées nous indiquent l'altitude, quand on arrive enfin à Malang nous sommes à 500 mètres et vous n'allez pas le croire mais j'ai le frisson qui tue ! Si, si ! 

Comme depuis le début de ce voyage, j'ai trois noms et adresses d'hôtels, trouvés sur booking.com, autour de la gare. Nous sanglons nos sacs à dos et nous jetons dans les rues de cette ville qui grouille de scooters, de voitures et de bechaks. Le bruit est incroyable et la circulation effrayante comme partout ici dans les grandes villes.

Le premier hôtel sur ma liste est Le Splendid Inn. Je l'ai choisi car il est à côté de l'hôtel Tugu, le plus bel hôtel de la ville. A 19€ la nuit, avec piscine, un petit style colonial sur les photos, ça devrait le faire qu'on se dit en y arrivant assez vite. Mais là, c'est la déconvenue...

L'hôtel a certainement été splendide à une époque mais il tombe aujourd'hui en totale décrépitude... Il y fait très sombre, personne à la réception, c'est encore un hôtel fantôme ! On décide de se séparer. Je laisse Marc trouver quelqu'un dans cet hôtel désert et je file à la deuxième adresse. Le Morse Hôtel est un genre de motel. Quand j'arrive à la réception, il n'y a que des hommes qui me regardent d'un air bizarre et quand on me montre la chambre standard à 250 000 roupies... je me dis que ça va pas le faire ! ça sent le renfermé, ça donne sur la rue et c'est pas vraiment l'endroit où j'aimerais passer 5 nuits ! Retour à la case départ, je rejoins Marc qui a fait beaucoup de progrès en Anglais puisqu'il m'annonce une grande chambre avec baignoire, climatisation, terrasse privée, eau chaude, wifi, piscine et petit déjeuner pour 310 000 roupies, le prix vu sur Booking. Zou ! On s'installe, l'après-midi se termine, on va pas dormir à Payolle !

Comme on est noir comme des charbonniers, la première chose qu'on désire le plus c'est prendre une douche et pour moi, très chaude car j'ai très froid !

Mais, faute est de constater qu'il n'y a qu'un filet d'eau, pas de pression car des fuites de partout dans cet hôtel et surtout pas d'eau chaude ! ça commence mal. On demande ce qui se passe à la réception, on nous envoie un monsieur qui vient bricoler on ne sait quoi puis qui nous assure en nous regardant droit dans les yeux, que l'eau est chaude ! J'éclate de rires ! Nous n'avons vraiment pas la même conception de la chaleur, l'eau est glacée ! Mais on est trop sale pour faire les difficiles ! Douche à l'eau froide, on s'allonge dépités sur notre lit... et là, oh surprise... le matelas est dur comme la pierre ! Mais c'est quoi cette literie de fadas !? On se croirait sur une planche de bois !

Et puis, nous allons de découvertes en découvertes... Les fenêtres sont ouvertes sur l'extérieur ce qui fait que la clim' qui fait un boucan du diable ne sert strictement à rien, surtout par ces températures un peu fraîches par cobntre le bruit de la rue est assez conséquent. Le wifi est inexistant, la piscine est en démolition et quand on demande si on peut louer un scooter on nous dit de faire appel à un loueur ! Oui, mais nous, on n'est pas du coin ! Alors on va où !? On fait comment !? On sent de suite que TOUT va être encore très compliqué et ça commence à devenir très très pénible.

Vous me connaissez, j'ai pas ma langue dans ma poche et je commence à perdre beaucoup de ma patience. J'informe la réceptionniste qu'il faut qu'elle fasse un effort côté prix, parce que les prestations affichées sur Booking ne sont pas du tout au rendez-vous, c'est pratiquement de la publicité mensongère. Elle me propose alors 10% de moins sur ma facture, c'est pas grand chose mais c'est mieux que rien ! On déprime un max et la nuit nous tombe dessus très rapidement.  

Après un petit Pastaga, histoire de se remonter le moral, on décide de sortir se piter un bout dans un resto pas très loin et de chercher un autre hôtel sur le chemin... Heureusement, on se régale d'un excellent Martabak à la viande, ça réconcilie avec la Vie ! 

Mais côté Recherche d'un autre oustau, on est oualou. Le peu d'hôtels qu'on trouve sont encore plus chers que notre hôtel décrépi ou bien beaucoup trop luxueux pour des voyageurs, ou encore, pires que notre Splendid Inn à des prix qu'on se demande comment c'est possible ! Zou ! On verra demain. Pour l'instant on a un toit sur la tête qu'on se dit avec le peu de philosophie qui nous reste.

Toujours pour se remonter le moral, on passe faire un tour à l'hôtel Tugu. Il est effectivement splendide ! Désert mais splendide ! On se demande bien qui peut venir dormir et manger ici ! Le taux de fréquentation doit être minimaliste ! 

L'établissement est immense et comporte différentes salles à thème, "L'Amour lascif" (un brin surprenant dans un pays musulman), "Splendeur des Incas" (toujours aussi surprenant), "Belle époque",...  et j'en passe et des meilleures. Un hôtel très très grand standing, deux restaurants aux prix qui font exploser tout un budget Voyage, sans oublier la piscine illuminée de bougies et de superbes tableaux évoquant tout autre chose que l'Asie...  

Quel contraste avec notre hôtel voisin... Comment deux établissements qui se jouxtent peuvent-ils être aussi à l'opposé !? Surprenant ! Comme beaucoup de choses ici. 

Depuis le début de notre avancée sur Java Centre puis à présent Est, on se rend compte que les hébergements ne sont pas entretenus... Ils sont beaux à la base mais les propriétaires les laissent se dégrader jusqu'à des extrémités sans retour possible si pas de moyens financiers... Quel dommage ! De merveilleuses demeures tombent en décrépitude dans chaque ville... certaines sont totalement abandonnées... fantômes d'un passé glorieux à jamais perdu... C'est peut-être pour ça, que nous, occidentaux, payons le prix fort de cette désolation. Tous nos logeurs croient que nous roulons sur l'or avec notre euro... A jouer à ce jeu-là, déjà qu'il y a très peu d'occidentaux, il n'y en aura plus du tout...

C'est ma conclusion de ce soir... et je vous quitte pour aller essayer de dormir dans ce lit que j’appréhende déjà dans notre hôtel Spendid  !