7h du mat', le coq chante et moi, je m'éveille. J'ai dormi comme une masse dans ce grand lit super king size et j'ai bien supporté la couverture ! Ici, c'est un peu comme à Tana Ratah en Malaisie, c'est la montagne tropicale et dès que Matahari se couche, les températures chutent bravement !

Sur la terrasse où est servi le petit déjeuner, le village se réveille aussi sous un temps très mitigé. Ni vraiment bleu ni vraiment gris, ça va encore pas être galette aujourd'hui que je me dis en m'installant.

Je rigole parce que tout le monde ici est aux petits soins avec moi, plus encore qu'à mon arrivée. Hier soir en dînant chez eux, j'ai reconnu la musique d'Agus et des collègues en fond sonore et je leur ai montré les photos prises lors de l'interview de CNN... Depuis, on dirait que j'ai côtoyé Dieu lui-même et ils ne savent plus quoi faire pour me faire plaisir. J'ai même droit à deux rations de beurre (du vrai !) pour mon petit déjeuner. Et je vous dis pas le Kopi Bali d'ici, c'est de la petite bombe ! 

Après quatre tasses de ce délicieux breuvage, je suis plus que prête... mais à quoi !!!??? Quand je fais un tour d'horizon, les lacs sont sous les nuages, la forêt aussi...

y'a que vers le Sud qu'on dirait que le soleil résiste. Zou ! Je me dis que ce matin, je vais suivre les caprices du soleil et des nuages. Vroum vroum sur Chouchou d'amour qui lui aussi a bien récupéré de ces longues et pénibles montées d'hier sous la pluie, et nous voilà partis.

Je descends Munduk et attaque des lacets en descente. La forêt est magnifique et il n'y a personne sur la route. Je prends la première à droite... toujours à suivre les rayons du soleil. Je fais quelques kilomètres et m'arrête enlever mon pull. De suite, on m'aborde et on me demande où je vais. Comme je n'en sais rien, je suis bien embêtée ! Mais on trouve de quoi m'occuper en m'indiquant un petit chemin qui longe un cours d'eau. Ici, c'est pas ça qui manque mais celui-là mène à un petit temple et moi les temples, c'est ma tasse de café ! 

Quinze minutes plus tard, je suis devant lui. Les esprits ou Dieux des lieux sont liés à l'eau, des bassins et fontaines chantent dans la lumière qui passe au travers des arbres.

Tout comme à Pangandaran, le cerf et la biche sont représentés. Je ramasse quelques fleurs en offrandes, ça fait toujours plaisirs aux Dieux et à moi aussi.

Je promène longtemps dans cette forêt presque enchantée... passant d'une jolie fleur à une libellule tout en essayant de ne pas me perdre que c'est pas gagné !

Mais à nouveau, je suis rattrapée par les nuages et la pluie qui menacent. Décidément Munduk me fait sa mouillée ! De retour vers Chouchou, je vois que les hauteurs de Munduk et ses cascades sont enfin dégagées. J'y file avant que ça ne change encore. A la sortie du village, la Vallée dorée et ses cascades sont bien indiquées. Il y a plusieurs entrées possibles, je choisis celle-ci parce qu'il y a un grand parking près d'un hôtel où Chouchou sera à l'abri de la pluie si par malheur elle s'invitait à nouveau !

Peuchère, hier, il était plus trempé que moi... Quand j'aperçois Ganeshou du coin de l’œil, je sais que j'ai bien fait !

Passé l'hôtel grand luxe, un petit chemin de rando démarre. Le soleil est toujours là et je pénètre dans la forêt et la vallée dorée.

D'entrée, ça sent le jasmin puissance mille ! Une odeur à nulle autre pareille ! Ce sont les fleurs blanches des caféiers qui embaument après la pluie et que le soleil sèche... C'est une jouissance olfactive qui moi, m'envoie au septième ciel ! Je sais ! Chez moi, tout est démesuré me dit-on mais c'est ma Vérité, na !

Je suis encore seule au monde et je mets plus d'une heure à descendre jusqu'à la première cascade tant c'est paisible et que ça sent trop bon ! Libellules bleus ou rouges se cachent des hirondelles qui fusent de partout, pas de singes mais beaucoup d'oiseaux dont je ne citerai pas les noms puisque j'en sais rrrrien du tout !

La balade n'a presque pas de dénivelé, je trouve ça galette, d'ailleurs ma douleur au genou ne se rappelle pas à moi. Je sais que j'approche du but en entendant vrombir des eaux que j'imagine tomber de haut mais aussi par la présence d'une cabane à pagare qui me barre la route. 10 000 roupies l'entrée, c'est pas grand chose et puis ça va dans la poche des villageois d'un hameau faisant partie de Munduk.

Zou ! Le péage payé, je passe devant la Déesse des lieux certainement. Sa face regarde tout visiteur qui se présente à Elle. Je dépose d'autres petites fleurs et la remercie pour toutes les beautés qu'Elle va m'offrir. Vous me prenez certainement pour une fadade mais moi, j'y crois, aux esprits de Dame Nature, surtout quand elle est aussi terriblement belle. 

La Déesse ou l'Esprit, ne me déçoit pas ! Je découvre une magnifique chute d'eau. Le bruit est égal à la hauteur de tombe et mes lounettes sont déjà trempées de gouttelettes...

Je reste longtemps à photographier, chutes, gouttelettes, rochers mouillés, mousses perlées... dans ce silence assourdissant de bruits diverses et variés ! Mais le vrai bruit me rattrape ! Celui d'un troupeau de pas et de paroles Françaises. Les groupes sont déjà là, accompagnés de leur guide, ils se précipitent sur la Cascade sans même voir qu'ils piétinent  la Déesse et mes fleurs... Ce genre de trucs me déconcerte...

Clic-Clac, ils prennent photos et puis s'en vont. Je les laisse partir avec joie. On dirait qu'ils ne viennent ici que pour ces clichés, au pas de course et en rang d'oignons... ça me déconcerte vraiment mais s'ils sont heureux comme ça, c'est très bien. Moi, je me trempe mes petons, j'ai enlevé deux pansements hier qui frottent de trop dans les baskets. Un autre groupe s'invite. Clic-Clac et puis s'en vont mais j'apprends en les écoutant qu'une deuxième cascade se trouve dans les environs ! Je les laisse partir et puis leur emboîte le pas.

Les caféiers embaument toujours autant mais se rajoute à leur odeur persistante, l'odeur des clous de girofle ! De grandes échelles en bambou sont couchées sur les chemin. Ici, le bambou sert à tout ! Elles servent à la récolte qui a lieu en ce moment et si on lève un peu les yeux au ciel, on aperçoit ces hommes qui n'ont pas le vertige et qui se balancent avec leur grand sac.

Comme partout en Indonésie et en Asie, tout sèche par terre, sur de grandes bâches au soleil.

La forêt devient plus parsemée, les caféiers font place aux ananas et à des arbres qui donnent un genre de marguerites. Ne me demandez pas ce que c'est, je n'en sais toujours rien mais c'est très joli et ça donne une petite touche de blanc à tout ce vert qui m'entoure.

Là, le chemin de terre s'arrête net pour faire place à une flopée de marches de plus en plus vertigineuses !

Deuxième cabane à pagare, même tarif et bien entendu la deuxième cascade se trouve en bas de cet interminable escalier aux marches asiatiques !!! Avec une marche à 10 cm puis à 25 puis à 50 puis à zéro, bref, on peut définitivement pas prendre un rythme régulier et ça épuise !

700 marches au total ! Voui... j'ai compté, histoire de me démoraliser pour la remontée ! Mon genou commence à peiner, c'est pas franchement galette pour moi. Quel con de Français que je me répète encore ! Celui-là, où qu'il soit, il doit avoir les oreilles qui lui sifflent d'une force qu'il doit penser souffrir d'acouphène !!! Il m'aura bien gâché mes trois dernières semaines ! Zou ! J'écoute pas la douleur et continue ma descente. La cascade apparaît à mi-chemin. Elle gronde encore plus fort que la première. C'est MA GNI FI QUE ! La vallée dorée porte mal son nom, je la vois plutôt argentée...

Comme la Vallée a plusieurs entrées, de nombreux groupes sont déjà là. Adieu ma solitude, je n'arrive d'ailleurs pas à accéder à la vasque où la cascade se jette. J'ai franchement pas l'envie de jouer aux bousculades, ça me gonfle. Je m'installe un peu plus loin, au milieu des bambous qui racontent des histoires d'amour. 

La chute bat la chamade et je me dis qu'il y a des lieux qu'il ne faudrait vivre que seul ou à deux...

La remontée est plus que douloureuse, je vais devoir sortir la crème et me masser ce soir. Il me tarde de retrouver Chouchou et bénis celui qui à imaginer la roue et toutes ses facilités ! Je mets deux heures à remonter me faisant doubler par tous les groupes qui se bagarraient pour la photo-cascade... 

Plus j'approche de mon parking, plus le temps se fait incertain ! Il hésite entre éclaircies et grosses chavanes...

... mais les couleurs sont magnifiques. Je traînaille encore à prendre photos sur photos tout en décidant de quand même tenter la crête du sommet afin de voir ces lacs que je n'ai fait que deviner hier...

Je prends donc la route par laquelle je suis arrivée, plus sèche mais plus froide. Je suis dans les nuages et je m'arrête enfiler pull et veste. Puis je suis dans le crachin et j'enfile le poncho du Machu Picchu... Qué misère ce temps pourrave !

Quand j'arrive au premier Lac, je suffoque ! On est tellement haut, si près du soleil, que quand il se pointe, on brûle. Déshabillage obligatoire, petites photos mais...

... à peine déshabillée, j'aperçois les nuages qui arrivent à grande vitesse...

... Et zou maï ! Re-froid, Re-pluie... Si je m'attrape pas la crève c'est que je suis solide ! Je poursuis les rayons à fond sur Chouchou, je descends au bord du premier lac où trône un beau temple avec son Méru... mais les nuages m'ont rattrapée... les pêcheurs et moi allons nous prendre la saucée !

Le retour à l'oustau se fait sous la pluie démente... Je suis à nouveau trempée, je ressemble à rien et j'ai qu'une envie, un bon petit noir bien chaud... et une douche bouillante !

Ces deux petits plaisirs simples de la vie, je me les apprécie d'une force que c'est rrrrien de le dire ! Trop trop trop bon !

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