• 10 Juillet - Bukit Lawang, l'équipée sauvage

     

    Nous quittons Tangkahan avec tristesse, un dernier adieu aux éléphants, un dernier passage sur notre radeau de fortune et nous voilà devant nos deux chauffeurs en moto, direction Bukit Lawang. Trois heures de tape-tafanari assurées...

    A fond les manettes au milieu des champs de palmes, on file comme le vent sur une piste soit caillouteuse soit boueuse mais dans les deux cas, c'est folklorique, c'est moi qui vous le dis ! Le minot fait mauvaise figure, je sens que son siège est bien moins confortable que le mien rrrien qu'à regarder sa face déformée ! Je vous parle pas des nombreuses pannes, des arrêts pipis comiques, des traversées de ponts qu'on se demande comment i'tiennent, des embourbées phénoménales... il me faudrait des pages, tant il y a à dire ! Quelques frayeurs mais surtout beaucoup de rires ! Et vous le savez, le rire, c'est trop bon !

    A perte de vue, les champs s'étalent sur des kilomètres et on comprend pourquoi chez nous, TOUT est fait à partir de ces fruits que les Indonésiens récoltent à foison. Qué misère, quand on pense que cette palme a remplacé la forêt... On blague beaucoup sur la moto avec Nanta, je sens qu'il se livre un peu plus au fil des kilomètres, à deux sur un scooter, ça rapproche forcément ! Il sait que ce fléau tue son environnement mais la palme est nourricière alors que l'éco-tourisme l'est beaucoup moins, surtout à Tangkahan, le parent pauvre de cette contrée... Gros débat qui nous tient bien une heure... Il est convaincu que les Occidentaux peuvent aider à faire connaître son coin de jungle et que si le tourisme écologique arrive à s'implanter, peut-être que la culture de la palme reculera alors... Je promets de faire connaître son coin de paradis du bout du bout du monde !

    Au milieu de nulle part, on croise des écoliers, à pied, comme seuls au monde... quelques villages ou plutôt hameaux très éloignés les uns des autres, un petit marché fait de tout et de rrrien, un autre monde... pour nous qui vivons les uns sur les autres ou presque avec notre essentiel qui semble ici superflu...

                                     

    Puis, nous arrivons à Bukit. Nanta et son collègue sont formidables, i'veulent pas nous lâcher tant qu'on n'a pas trouvé où dormir et nous portent même nos sacs ! Des zamours ! Ils nous dirigent directement vers l'Ecolodge, l'endroit à touristes mais le prix est bien trop élevé pour notre bourse. Les Indos sont toujours surpris lorsqu'on leur dit "Too expensive", 'croient toujours qu'on possède l'euro magique ! En tirant quelques mètres plus loin, on trouve notre bonheur, pas le grand luxe mais de quoi dormir, se laver et une prise électrique. Zou ! C'est décidé ce sera le Sibayac Guest. 4 euros la chambre sans le petit déjeuner, ça va le faire. De toute façon le Loulou est cané de chez cané, le tafanari plus que douloureux !

    On embrasse avec effusion nos deux compères, on s'échange nos adresses et nous voilà, à nouveau seuls, dans ce village qu'on se languit trop de découvrir. Boudie ! Le jour et la nuit avec Tangkahan. Des restaurants, des guests à profusion, des échoppes... ça nous fait bravement drôle de retrouver la civilisation après ces quelques jours passés au bout du bout du monde. Tout le village s'étire sur les deux berges d'une rivière, encore une ! Ici, l'eau est est omniprésente. Qu'il est bon ce doux bruit de l'eau même s'il fait peur lorsque la pluie commence à tomber. Ici en 2003, la rivière a tellement gonflé que le village n'a pas survécu, emporté par les eaux, les boues, les roches... avec lui 300 personnes... Tous en parlent comme si c'était hier mais ils ont reconstruit au même endroit, là, est leur Bukit Lawang. Toute la population est sympathique, sourire aux lèvres, ils vivent au rythme de la rivière et de leurs grands cousins, les hommes de la forêt, les orang-outans. D'autres singes sont ici rois, les macaques mais aussi les gibbons et les Thomas leaf, tout mignons en blanc et noir. Mais il faut s'en méfier, tous chapardent et n'aiment pas les photographes ! 'Faut dire aussi que beaucoup de touristes utilisent les flash qui leur font très peur... 

    Trente et un trente deux, nous voilà déjà à la maison du parc pour prendre nos tiquets d'entrée pour demain. Nous sommes venus voir les Hommes de la Forêt et on espère que la chance sera avec nous demain ! On trouve même une agence de voyages et un bus pour nous mener au Lac Toba, notre prochaine étape ! Véridique, ici c'est la civilisation ! Soulagés d'avoir résolu les transports, on commence à sentir la faim nous tenailler. C'est bien normal, on a fait que boire et encore oublié de manger. C'est notre lot ici, on n'a presque jamais faim mais là, c'est un must, nos jambes commencent à danser le flamenco et faut qu'on soit en forme pour demain. On se régale d'une pizza indonésienne qui pour une fois est excellente lorsque la pluie... que dis-je des trombes d'eau, nous retombent sur le teston, des seaux et des seaux d'eau... les ruelles deviennent torrents, les éclairs zèbrent le ciel, le tonnerre gronde d'une force à vous faire trembler comme des bébés. Boudie, que j'aime pas ça et surtout Qué misère d'être du mauvais côté de la berge ! Il nous faut pour rentrer à l'oustaou, traverser un pont de bambous pas très solide... Bababaou mais que sommes-nous venus faire dans cette galère !? C'est le minot qui prend tout en charge. Je reconnais plus mon fils ! Le voilà qui me prend par la main, court comme un lapin, on a de l'eau jusqu'aux mollets, on sait pas sur quoi on marche, ça glisse, on est trempe comme des souches mais on arrive enfin au pont. ça tangue, ça bouge, il fait si noir que nos lampes n'ont que peu d'effets et mon vertige me reprend forcément... Heureusement que je n'y vois plus rrrrien avec mes lunettes ruisselantes d'eau ! Je sais pas comment i'fait mon Loulou mais il me ramene au bercail ! En arrivant dans la chambre, nous ne sommes plus que deux grosses flaques mais la peur envolée (surtout la mienne), on éclate d'un rire qui nous fait sombrer tout droit dans les bras de Morphée même s'il pleut tout autour de notre lit ! 

     Vives les vacances chante le minot ! 'Maman les p'tits bateaux qui vont sur l'eau...'

     

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  • Commentaires

    4
    Thomé Jacques
    Samedi 11 Janvier 2014 à 17:08

    Vous êtes drôlement courageuse! Partir ainsi à l'aventure avec son petit est rare, sans savoir où vs allez dormir le lendemain! Vous êtes Indiana Jones woman, Isabelle! Incroyable, mais vrai. Bravo. Merci pr vos truculents et excellents


     récits, un plaisir !

    3
    Lundi 10 Septembre 2012 à 12:11

    Faudra le replacer, celle-là à l'occasion... Filston qui ramène sa maman à la maison...  vraiment trop beau...

    Erwin  

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    2
    quentin12 Profil de quentin12
    Lundi 16 Juillet 2012 à 09:13

    coucou les aventuriers!!! quel régal de vous lire, j'attends chaque jour des nouvelles et heureusement vous en donnez beaucoup, soyez prudent, plein de gros bisous!!!!!!  lulu

    1
    Samedi 14 Juillet 2012 à 10:56

    Eh bé !!! Si tu manque d'eau on va dire au ciel de t'en réserver ici pour quand tu reviendras... Purée ! Moi ça me filerais le racabomi toute cette eau... ça suffit de celle pour le pastaga !...

    En tout cas on aura bien compris que les vacances peinardes, c'est pas trop ton truc...

    Alors bon courage pour la suite...

     

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