Aujourd'hui, c'est journée Jalan Jalan ! Le minot a sommeil-libre jusqu'à 9h puis retour la tête dans les révisions de Math et de Physique ! Quant à moi je repars pour ces vadrouilles en solitaire que j'aime tant, laissant le Mistoulin encore dans les bras de Morphée. Je prends la direction du Pasar pour m'acheter quelques mangoustans à mettre dans mon petit sac, histoire de piter un bout à l'ombre quelque part où je me serai perdue...

Dur dur de faire son choix entre toutes ces vendeuses qui attendent le client pour les mêmes produits... J'essaye de faire travailler tout le monde en changeant de stand tous les matins mais ça se vexe facilement dans le coin ! Tant pis... je peux pas satisfaire toutes ces dames ! 

Je comprends un peu leur énervement... 'parait qu'il y a moins de touristes depuis quelques jours... les affaires vont mal... C'est vrai que le soir, les rues sont beaucoup moins animées que d'habitude et que les gros bus touristiques n'amènent pas forcément les clients ici... Une Marseillaise que j'ai croisée hier me demandait la direction d'un coin plus "Select" que ce Pasar... ça m'a fait beaucoup rire ! Mais, quand j'explique à ces petites dames qu'il est de plus en plus difficile de se loger à un prix correct en ville et que certaines personnes préfèrent ne faire que passer à Ubud, elles semblent ne pas vouloir comprendre... Tant pis ! A elles, à eux, de comprendre le pourquoi du comment de leur infortune !

Je m'égare encore un peu dans ce marché pittoresque où les fleurs et les rats peuvent se croiser sans aucun problème... De partout les bâtons d'encens fument, les offrandes sont présentées aux Dieux ou encore en préparation... J'ai pourtant l'habitude mais c'est toujours un enchantement, même pour les rats !!! Si, si ! Véridique ! Ils font partie du lieu, le compagnon fidèle de mon collègue Ganesh ! 

Jalan Jalan sur la rue principale, j'entre dans une de ces maisons d'artistes qu'on peut visiter sans compter à Ubud. J'adore ces endroits car on entre en fait dans l'intimité même du peintre, du sculpteur, du musicien, ... Il n'y a personne, tout est ouvert, des tableaux, des sculptures accrochées et surtout un petit jardin magnifique où les oiseaux en cage font un concert superbe ! Il n'en faut pas plus pour que je m'y installe... 

Il doit être trop tôt et tout le monde doit encore dormir... comme mon Mistoulin... M'en fouti, j'ai pris ma dose de chants d'oiseaux, je retourne au bruit de la Grand Rue... qui se prépare à la grande Fête Nationale du 17 Août prochain ! Les drapeaux Indonésiens flottent déjà au vent de partout et dans toutes les écoles ça répètent chants et musiques ou chorégraphies pour la grande cérémonie qui va se jouer sur le terrain de foot de la ville. 

Quand on sera à cette date là... on commencera notre descente vers le Sud que je me pense déjà nostalgique... Bababaou ! Vous le croyez que j'ai pas vu le temps passer !!?? ... Et que cette fois-ci encore ça va être très dur de rentrer... Un jour, c'est sûr... je ne rentrerai pas... Je veux finir mes jours là où il n'y a jamais d'hiver, où le frisson qui tue... n'a jamais vu le jour, na !

Tout en refoulant mes projections de retour et de non-retour, j'arrive devant deux superbes statues qui sont, comme qui dirait en train de m'inviter à entrer ! Trop belles ! Je ne connais pas cet endroit et je ne sais d'ailleurs plus où je suis tant j'ai marché de photo en photo... 

C'est ce que j'aime à Ubud... Je connais pourtant par cœur chaque rue... mais il me reste encore tant de ruelles à découvrir, un vrai labyrinthe que cette ville là... Je comprends pas trop ce qu'est l'endroit... Il y a une réception et un immense jardin qui descend vers une encore rivière inconnue, des petits temples familiaux, des bassins, quelques maisons mais surtout... encore le silence et rrrien que le bruit de l'eau et le chant des oiseaux... Encore un petit paradis caché au creux des reins d'Ubud... Je la compare souvent à une femme, elle en a toutes les subtilités, tous les contrastes, toutes les ombres et toutes les lumières...

L'endroit idéal où se déguster des mangoustans ! Je m'installe sur un petit banc au frais et me fais la bazarette a'que le jardinier tout content de m'expliquer son travail... Enfin, je suppose, parce qu'il ne parle pas du tout l'anglais et que mon Indo est trop limité pour que je comprenne sa conversation. Langage de sourds entrecoupé de sourires, de hochements de têtes, de signes et de partage de mon sac de fruits ! Encore un petit moment de bonheur simple comme je les aime... Mais l'heure tourne et j'ai promis à Nyoman de passer le voir au Wayu. Zou, c'est parti pour un retour vers la foule et le bruit.

Mais, Nyoman, c'est comme la fille de l'air... il travaille au Wayu... mais n'y est pas souvent ! Il va revenir que me fait un collègue alors je m'installe devant ce terrain de foot où on a pris tant de petits déjeuners il y a deux ans à regarder les enfants jouer... Et, ils sont toujours là les enfants... Il y a des choses qui ne changent pas, de toutes petites choses dont l'importance est grande... 

Mais mon Bali Kopi servi dans un verre à bière... bu... toujours pas de Nyoman  en vue ! Zou ! Je laisse un mot et m'en vais retrouver mon Mistoulin qui doit faire une overdose de Math et de Physique, enfin... je me l'espère !

Il était temps que j'arrive, il est déjà sur le scoot a'que la carte en main et on se prend la route du nord, du côté de Senghe. 

Le soleil est revenu après la pluie d'hier et malgré la visière du casque... je me gorengue encore le nez que c'est rrrien de le dire ! Je vais finir épouvantail noix de coco si ça continue ! En chemin, on rencontre ces canards d'Ubud qui trottinent dans les rizières. On les adore, ils sont trop rigolos à s'enfoncer dans la boue. Ils sont un peu l'emblème d'Ubud avec leur couleur beige qui ressemble au bois d'ici...

Et puis, à force de tourner, de virer, de prendre le petit chemin à l'ombre et celui au milieu des rizières, sans oublier celui qui longe le petit canal tout mignon... bé... On se perd encore à Pouzzoule, tè ! 

Zou ! Demi-tour, la route s'arrête ! On arrive dans un petit hameau où qu'on s'achète de quoi se faire un petit pique-nique mais on a beau demander "Nama ini", le nom d'ici... dégun ne trouve à nous situer sur la carte ! Y'en a qui nous montrent le Sud, d'autres le Ch'Nord... la franche vérité, les Indos et les cartes... ça fait toujours pas bon ménage ! No souçaï ! On va d'abord se piter un bout et on verra bien pour le retour ! 

Là, on se trouve une encore petite rivière qui nous appelle que c'est rrrien de le dire ! On gare Chouchou d'amour et on s'installe au frais, pieds dans l'eau. 

L'endroit a l'air "safe", y'a même des offrandes qu'on dépose pour la Déesse du coin. On fait la petite prière en signe de respect du lieu et on se remplit le petit ventre. 

En suivant la rivière, on se fait une petite randonnée pas prévue du tout, en chanclettes que c'est pas trop "safe"... mais on regrette pas ! On se retrouve encore au milieu de rizières en restanques superbes et plus loin, devant un beau petit temple qui se mire dans l'eau...

... et encore plus loin...  le bain de la vachette !!! Trop mimi ! On voudrait bien aider à lui faire la toilette aussi mais son propriétaire ne comprend pas l'anglais et puis réflexion faite... il nous prendrait pour de vrais fadas qu'on se dit en rigolant ! 

Tout au bout de la rivière, tout au bout des canaux... la jungle reprend ses droits et c'est pas trop prudent de continuer... On fait donc demi-tour, retour vers Chouchou et vroum-vroum vers Ubud...

Et vous savez comment on est rentré !? Bé, au pifomètre ! En suivant le coucher du soleil et s'orientant avec lui parce que l'orientation des Indos... c'est comme la mesure du temps... c'est du Jalan Jalan... pour tout ! Mais on adore !